Pizza inversée

Oui un article culinaire amusant!

Voici ce que nous avons mangé la semaine dernière. Une pizza inversée.  Le mélange des ingrédients d’une pizza normale se retrouve dans le fond d’un bol (fromage au fond, ensuite poivrons puis la sauce tomate avec les viandes) et on étend la pâte à pizza (blé entier maison) sur le dessus. On cuit au four, on renverse et on démoule. Pizza renversée! Un succès chez mes fans de pizza!

 

 

Se lever tôt

J’avais oublié le goût que prend la vie au petit matin.

J’ai toujours été une lève-tôt, jusqu’à ce que mon mari travaille de soir et que je me mette à l’attendre pour me coucher. Je suis devenue lève-tard. Même si lui est revenu de jour et qu’il se lève maintenant avant le soleil, moi je suis restée accroc aux grasses matinées.

Depuis que je suis enceinte, je dors moins bien et le réveil se fait plus tôt.

Mais ce qui me fait sortir dehors au petit matin, et contempler un tel paysage, depuis près d’une semaine, est un chiot qui se fait une place dans notre vie.

Il y a déjà près de trois ans que notre cocker nous a quitté. Nous voulions un autre chien mais pas n’importe lequel. Nous avons adopté une chienne pour notre ferme et qui reste dehors, nous sommes passés par l’entremise d’une page facebook de la région (pour achat-vente-don d’animaux de compagnie). J’épluchais donc les annonces de cette page en attente d’un match intéressant. Nous n’étions pas pressés. Je voulais un chien propre, mon chum voulait un puppy. Nous cherchions dans le genre de Labrador.

Quand je suis tombée enceinte, nous avons averti les enfants que le chien attendrait. C’était déjà suffisant à gérer et une bonne fatigue à endurer. Mais c’était sans compter que la vie en décide souvent autrement.

Je suis tombée sur une annonce mercredi dernier. Un chiot Labrador noir de 4 mois à donner. Je l’ai montrée à mon mari. Il a trouvé cette annonce intéressante. J’ai communiqué avec la fille mais nous étions nombreux à le vouloir. Elle nous a choisi pour notre emplacement en campagne et notre disponibilité à pouvoir s’en occuper (école maison). Impossible de reculer.

Mais c’est sans regret. Nous avons un bon chien entre les mains. Il n’est pas propre, bien que nous y travaillons fort et que la majorité des journées se passent sans aucun accident. Il est gentil et coquin. Les enfants donnent un bon coup de main.

Et que dire des paysages d’aube que je contemple chaque matin… Ça me permet de me recentrer sur l’essentiel.

Prendre soin de maman

Maman a un bon rhume: mal de tête, congestion, fatigue. Elle s’étend sur le divan du salon pendant que les enfants font l’école à la table de salle à manger. Petit bonhomme, 3 ans, joue avec un jeu intéressant.

Maman se place pour être confortable. Ce n’est pas évident, car le divan trois places a une armature de métal aux deux bouts pour les appuie-pieds qui lèvent. Mais avec un coussin, une couverture en boule, elle réussit à être assez à l’aise  pour fermer les yeux.

Petit bonhomme n’a plus d’intérêt pour son jeu, il veut prendre soin de maman. Il débarque de la chaise de cuisine et court vers le salon. Il grimpe sur le divan, met un genou dans les côtes de maman et lui fait une belle caresse sur la joue. Maman apprécie, mais précise que le genou cause une douleur. Petit bonhomme descend du divan et vient devant le visage de maman et lui fait des câlins, des bisous et de nombreuses caresses. Il glisse à l’oreille de maman: «Je prends soin de toi, maman, je t’aime.»

Ensuite il part chercher un toutou taureau et le glisse dans les bras de maman pour la réconforter. Une corne du taureau rentre dans le cou de maman. Il court chercher un petit canard en toutou. il le planque à deux centimètres des yeux de maman, et le fait donner plein de bisous. Petit bonhomme dépose le toutou sur la tempe de maman et repart chercher un autre toutou réconfortant. Il le dépose sur la tête de maman.

Maman a les yeux fermés. Un bruit aigu de crissement la fait réagir. «Où vas-tu avec la chaise, petit bonhomme?» «Je vais chercher le parapluie dans le haut de la garde-robe, pour toi maman, pour te mettre à l’abri.» «Non ça va petit bonhomme, merci, mais remets la chaise à sa place.» Nouveaux crissements aigus.

Puis petit bonhomme décide qu’il est lui aussi malade. Il grimpe sur le divan et se couche dans le trou créé par les genoux pliés de maman et le dossier du divan. Mais c’est inconfortable. Petit bonhomme veut le coussin sous la tête de maman. Elle refuse et lui dit de prendre une couverture, de la plier et d’en faire un coussin. Petit bonhomme descend du divan une vingtième fois, va chercher la couverture, la plie et remonte sur le divan, au creux des genoux.

Il se tourne et se retourne plusieurs fois, le divan n’est pas plus confortable pour lui que pour maman. Finalement, il descend du divan et s’en va s’occuper ailleurs. Il n’a plus le goût d’être malade, ni de prendre soin de maman. Maman, enceinte de 12 semaines, a envie de pipi. Fini la sieste, elle doit se lever et aller vider sa vessie. Le repos nécessaire sera pour une autre fois.

Une rigidité à respecter

Ma fille a commencé son cours de maths de 4e secondaire aux secteur des adultes. Le cours de maths 416 (maths faible ou cours de base) est divisé en 4 cahiers traitant chacun d’une notion distincte des mathématiques. L’enseignante de notre centre d’éducation aux adultes demande à ce que ses étudiants fassent le livre 3 en premier, c’est le plus facile. Ensuite, ils passent au livre 2, puis au 1 et enfin, ils font le 4.

Donc vers la fin janvier, Lucie-Maud a commencé son cahier 3. Un mois plus tard, il était complété avec grande facilité. Rien de comparable au cahier d’apprentissage Point de mire de 3e secondaire. Elle n’a eu besoin de mon aide que pour deux petits détails qui avaient rapport avec des fautes d’inattention. Les cahiers contiennent les corrigés. L’autocorrection est donc de mise. Mais à la fin du cahier, il y a un prétest, sans corrigé. Lorsque ce prétest est fini, l’étudiant rencontre l’enseignante qui le corrige et détermine si l’étudiant est prêt à passer à l’examen final.

Ma fille était donc bien confiante de sa réussite, puisque la correction des exercices du cahier était presque parfaite. Mais c’était sans compter la rigidité du système scolaire du secteur adulte où la réforme par compétence n’a pas encore mis les pieds. Ici que tu arrives à la même réponse mais par tes propres moyens ne convient pas du tout. Il faut suivre À LA LETTRE la procédure démontrée dans les exemples. Il faut aligner les informations dans un ordre précis pour faciliter la correction de l’enseignant, qui n’a pas le goût de se mettre à chercher au-delà d’une demie-seconde quel chemin l’étudiant a pris pour arriver à ses fins. De plus, alors que dans le cahier il est spécifié de savoir utiliser parfaitement la table de trigonométrie, car à l’examen la calculatrice ne sera pas permise, l’enseignante affirme le contraire: «Apprends à utiliser ta calculatrice, la table n’est pas assez précise et cela t’enlèvera des points».

Toutes les réponses de son prétest étaient bonnes, mais pas assez précises, calculées d’une façon à peine différente, mais ne suivant pas de façon assez rigide la procédure de résolution de problèmes. L’enseignante retourne Lucie-Maud à la maison, avec un second prétest et un avertissement de suivre À LA LETTRE les instructions. Lucie est bien découragée de perdre une semaine de plus pour de la matière maitrisée parfaitement. Mais elle s’exécute.

Vendredi, elle a reçu l’appel de l’enseignante pour son résultat de l’examen final du cahier 3: 100%. L’école maison permet aux enfants de bien s’adapter. Elle a suivi les consignes à la lettre, malgré la frustration occasionnée par la rigidité, elle a réussi haut la main.

Mais cela me fait réaliser que Yann, mon dyspraxique qui a tellement de difficulté en maths, passera par les cahiers du secteur des adultes dès la 3e secondaire. Il pourra ainsi s’habituer aux procédures rigides, et les cahiers seront plus faciles que ce que le secteur des jeunes offre. On apprend vraiment tous à travers l’école à la maison.

Des rencontres au gré de la vie

L’école maison  s’est imposée dans ma vie parce que je cherchais une solution à l’impasse que mon fils vivait à l’école. Je répète que je connaissais pas du tout cette avenue au départ. J’ai toujours été très reconnaissante à la vie de m’avoir fait grandir dans cette direction. La proximité vécue en famille est un joyau que je chéris aujourd’hui. Je n’en reviens pas encore, 15 ans plus tard, de pouvoir voir mes enfants vieillir à mes côtés. C’est une chance inouïe.

De plus, en suivant ce chemin disons inhabituel, j’ai rencontré de nombreuses personnes. Des gens qui n’auraient pas croisé ma route autrement. Certains sont de passage, le temps de leur aventure, mais la plupart restent et certains marquent ma vie profondément.

Peu de familles faisaient l’école maison il y a 15 ans. Dans ma région, c’était même nul. Alors pour voir du monde, pour que mes enfants tissent des liens sociaux, je voyageais 3h30 (comptant l’aller et le retour) presque chaque semaine pour me joindre à des activités avec des familles d’une autre région. Je ne regrette pas du tout. Ce faisant, j’ai approfondi une relation avec une maman qui est demeurée très importante dans ma vie.

Nos enfants avaient les mêmes âges. Que de beaux projets nous avons réalisés. Quinze ans plus tard, elle est sur les derniers milles de son projet familial d’école maison. Et mon portrait de famille s’est modifié au point que je suis loin d’être en fin de parcours. Ce carrefour est important pour notre relation. Et pourtant nous n’y voyons pas du tout une fin. Nous en sommes à réinventer notre avenir ensemble.

C’est difficile de voir les familles de mes débuts quitter le milieu parce que les enfants sont rendus ailleurs. Mais je crée aussi de nouvelles relations avec des familles plus jeunes dont les enfants ont l’âge de mes plus jeunes. Avoir une famille étendue sur plus de 20 ans crée des défis de taille pour combler les besoins de chacun.

Encore une fois, des familles marqueront ma vie de façon indélébile. J’aime profondément ces liens. La vie avec une famille nombreuse, l’école maison, mes lubies d’animation et le reste représente une réalité encombrée. Les jeunes enfants qui continuent de s’immiscer dans ma vie m’empêchent d’acquérir une liberté d’action que plusieurs ont déjà acquise. Mais quand l’occasion d’une rencontre survient, on croque dedans à pleines dents, on fait des réserves et on se promet de recommencer.

La vie est pleine de belles surprises. De belles rencontres. Après c’est à nous de les faire fleurir. Même si les fleurs ne sortent qu’une fois par année. Quand le lien est solide et résistant, il aime malgré tout.

Évolution d’une aventure

L’école maison n’est pas statique. Elle est en perpétuel mouvement. D’une année à l’autre, les enfants vieillissent, franchissent des étapes. À l’école, un changement d’enseignante et de routine, la vie reprend son cours. Mais à la maison, nous sommes témoins de chaque changement, même minime, du parcours d’apprentissage de nos enfants. Notre aventure se module chaque année sur les nouveaux niveaux atteints.

Notre parcours a commencé en 2002. Je ne connaissais même pas cette option d’école maison avant de faire face à une situation sans issue dans le milieu scolaire avec mon Fiston 1. Quinze années d’évolution, de bouleversements. Pas une année qui se ressemble. Des défis majeurs ponctuent ce parcours. Je n’ai pas intitulé cet article Bilan d’une aventure, car mes plus jeunes ont encore bien des années devant eux. Et le portrait changera encore au cours des prochaines années.

Fiston 1 – 1996, Fillette 1 – 1997, Fillette 2 – 2000, Fiston 2 – 2001, Fiston 3 – 2004, Fillette 3 – 2008, Fiston 4 – 2013, Bébé 8 – 2017

2002: Fiston 1 revient à la maison après un début d’année houleux en maternelle à l’école du village. À partir de janvier, Fiston 2 arrive, Fiston 1 manquera de plus en plus souvent l’école, surtout les après-midis, parce qu’il vient dîner à la maison. En mars, le pas est fait.

Les rentrées scolaires seront à partir de maintenant des non-rentrées.

Rentrée scolaire 2002: Fiston 1 en 1re année et Fillette 1 en maternelle. Fillette 2 devient préscolaire et Fiston 2 est tout bébé.

Rentrée scolaire 2003: Fiston 1 en 2e année et Fillette 1 en 1re année. Fillette 2 est préscolaire active et Fiston 2 est un toddler épuisant.

Rentrée scolaire 2004: Fiston 1 peine à franchir les années. Fillette 1 stagne en fin de 1re année. Leur trouble d’attachement extrêmement sévère empêche l’apprentissage. Fillette 2 fait une maternelle heureuse et Fiston 2 ne débloque pas ses apprentissages. Fiston 3 est arrivé tout mimi.

Rentrée scolaire 2005: Fiston 1 n’atteint pas encore tout à fait la 3e année. Fillette 1, incapable de vivre en famille, est placée et entre à l’école en classe d’attachement 2e année. Fillette 2 apprend à lire et gobe tout ce qu’on lui apprend. Fiston 2 est toujours bloqué, commence sa médication pour réussir enfin à apprendre. Fiston 3 est craquant.

Rentrée scolaire 2006: Fiston 1 flottera en 3e année pour quelques années. Fillette 2 entame sa 1re année facile. Fiston 2 commence les apprentissages de maternelle dont l’alphabet. Fiston 3 devient un toddler très actif mais toujours souriant.

Rentrée scolaire 2007: Fiston 1 flotte toujours. Fillette 2 passe en 2e année en dansant. Fiston 2 ne connait toujours pas son alphabet. Fiston 3 est un préscolaire curieux, énergique, courseur de connaissances.

Rentrée scolaire 2008: Fiston 1 au moins ne coule pas et franchira le cap de la 4e année. Fillette 2 atteint la 3e année. Fiston 2 est un apprenant acharné qui vit des échecs. Fiston 3 a un 4 ans tellement essoufflant. Fillette 3 naît à l’automne.

Rentrée scolaire 2009: Fiston 1 nous quitte aussi. Il sera évalué de niveau fin de 2e secondaire malgré ses apprentissages qui stagnent, intégrera l’école en 1re secondaire. Fillette 2 est en 4e année. Je découvre enfin un nouveau niveau, c’est stimulant! Fiston 2 connaît enfin son alphabet et débloque en lecture. Fiston 3 ne fait pas de maternelle, il est une véritable éponge qui absorbe tout. Fillette 3 marche déjà et grimpe comme un petit singe.

Rentrée scolaire 2010: Fillette 2 s’amuse en 5e année sauf pour les maths, où elle traîne de la patte. Fiston 2 patauge dans les apprentissages de 2e et 3e année. Fiston 4 fait l’école de tout le monde en même temps, surtout en maths en science. Fillette 3 réalise ses premières présentations orales à 2 ans.

Rentrée scolaire 2011: Fillette 2 termine cette année son primaire, les maths traîneront derrière. Fiston 2 monte les échelons du primaire lentement mais sûrement. Fiston 3 brûle les étapes des premières années. Fillette 3 s’amuse avec les notions de maternelle.

Rentrée scolaire 2012: Fiston 1 ne finira jamais sa 4e secondaire et Fillette 1 ne finira jamais sa 3e secondaire. Beaucoup d’impuissance. Fillette 2 entre au secondaire toujours à la maison, les maths sont un an en retard. Fiston 2 monte à son rythme, mais grâce à l’école maison monte toujours. Fiston 3 rattrape Fiston 2 au grand désespoir de celui-ci. Fillette 3 déplace énormément d’air et s’intéresse à tout.

Rentrée scolaire 2013: Fillette 2 entame sa 2e secondaire et Fiston 2 achève son primaire sauf en maths. Fiston 3 travaille avec un programme différent de Fiston 2 pour éviter les comparaisons. Fillette 3 réussit son programme de maternelle et maîtrise maintenant la lecture. Fiston 4 arrive, agrandissant de nouveau notre belle famille.

Rentrée scolaire 2014: Fillette 2 fait sa 3e secondaire à la maison. Fiston 2 entre au secondaire sauf en maths. Fiston 3 passe au secondaire en science, termine son primaire en maths et suit le reste à son niveau. Fillette 3 finit le programme de 1re année en quelques mois, mais étend ses apprentissages à une mare de connaissances culturelles. Fiston 4 est un enfant très intense et exigeant.

Rentrée scolaire 2015: Fillette 2 passe en 4e secondaire à la maison et obtient son 16 ans en janvier. Fiston 2 passe en 2e secondaire sans réelle acquisition solide. Fiston 3 embarque dans l’aventure du secondaire en maths mais traine de la patte en français et anglais.  Fillette 3 est toujours aussi rapide en 2e année, alors on continue de ratisser large.  Fiston 4 encore en demande d’attention constante me garde jeune, bien que…

Rentrée scolaire 2016: Fillette 2 termine son secondaire à l’école aux adultes et Fiston 2 n’est pas passé en 3e secondaire, mais on y travaille. Fiston 3 s’étend sur trois niveaux du secondaire. Fillette 3 adopte les nouvelles matières du 2e cycle avec plaisir. Fiston 4 développe un talent incroyable en dessin et en motricité fine, il veut apprendre à lire. Je nourris, tout en faisant la sourde oreille.

Future rentrée scolaire 2017: De gros changements à l’horizon, encore. Voilà le lot de l’école maison avec une famille nombreuse. Le projet se renouvelle chaque fois. L’année qui vient verra Fillette 2 faire le saut au cégep, Fiston 2 avoir son 16 ans et commencer à travailler dans les cahiers aux adultes, Fiston 3 avancer avec confiance vers le deuxième cycle du secondaire, Fillette 3 finir son 2e cycle du primaire, Fiston 4 découvrir l’alphabet et les chiffres et Bébé 8 possiblement débarquer dans nos vies avec tambours et trompettes.  D’ailleurs cette naissance surprise allongera de plus belle la somme des rentrées scolaires encore à faire à la maison. Quel étrange changement de perspective!