Les jeunes de 8 à 11 ans se sont rencontrés une fois par mois pour discuter de leurs lectures et faire des activités reliées à ces lectures.
Les capacités de chacun en lecture varient et cette année les 8 ans se joignaient au groupe, j’ai donc diversifié l’offre de lecture en incorporant des albums pour plus vieux, des albums qui peuvent apporter une belle réflexion en groupe.
Nous avons commencé l’année scolaire avec Comme un poisson dans l’arbre, de Lynda Mullaly Hunt. Cette histoire raconte les difficultés vécues par une jeune dyslexique qui a toujours caché son jeu à tous et qui est finalement démasquée par son nouvel enseignant. Le livre est disponible en format lecture normal ou adapté pour dyslexiques en offrant un texte plus aéré et plus gros. Avec deux-trois jeunes dyslexiques dans le groupe, je trouvais que c’était une lecture fort à propos. Pour ma part, j’ai trouvé bien intéressant de voir comment ça se passe dans la tête d’une personne dyslexique lorsqu’elle lit. Un des jeunes du groupe est venu me voir après l’activité reliée à ce livre et m’a confié avoir beaucoup apprécié lire le livre et s’être reconnu profondément dans le personnage principal et ses difficultés. Son commentaire m’a beaucoup touchée.
Comme activités de groupe, j’ai premièrement partagé deux affiches que nous avons pris le temps d’analyser.
Ensuite nous avons fait deux petits jeux:
- j’avais apporté 6 boîtes-mystères de formes et formats variés, contenant chacune un objet à découvrir selon le son, le poids, le déplacement, etc. Les jeunes, en équipe de 3 ou 4, ont essayé de deviner chaque contenu et puis on a ouvert les boîtes pour constater. Cette activité était tirée du roman.
- nous avons joué au jeu de Kim, où il faut observer les différents objets, ensuite les cacher sous une couverture, en enlever un ou deux, soulever la couverture pour observer et déterminer quel(s) objet(s) a(ont) été enlevé(s).
Enfin, lors de cette rencontre, j’ai expliqué la théorie de Ford Madox, écrivain et éditeur, qui explique que pour savoir si un livre va nous plaire, on lit la p.99 du livre. Si elle réussit à piquer notre curiosité sur les détails du roman à découvrir, on devrait avoir le goût de lire le livre. Nous avons fait l’expérience avec le livre lu et c’était probant. Puis nous avons essayé avec le prochain livre à lire et c’était très intriguant. Alors tous ont mordu.
D’ailleurs ce prochain livre était Le grand livre de l’horreur, tome1: Dracula. Je ne suis pas une fan d’histoire d’horreur, mais visiter les grands classiques me plaisait. Le suspense est bien maintenu et les descriptions assez fidèles au roman classique. Plusieurs des jeunes ont lu les autres tomes de la série (Frankenstein, Jurassic Park, Dr Jekyll et Mr Hyde, Sherlock Homes). Pour ma part, je me suis procuré le tome 2, mais les autres sont sur ma très longue liste.
Lors de la rencontre, autour de l’Halloween, vous l’aurez compris, nous avons exploré les détails du roman qui exacerbent le sentiment de peur à la lecture. La couverture, remplie d’indices, les illustrations, la pagination, le vocabulaire choisi… Autant d’outils permettant au livre d’être efficace.
Nous avons fait une liste de personnages de peur connus. J’ai demandé aux jeunes de choisir un de ces personnages pour un sixième tome et d’en créer une page couverture, avec tous les détails. Ensuite, en devoir pour une unique fois, je leur ai demandé de choisir un personnage de peur à la maison et d’en faire un dessin et trois questions pour fabriquer un jeu de Professeur Caboche sur les personnages effrayants. Cette partie de l’activité ne fut pas un grand succès. Un peu plus de la moitié des enfants ont participé. J’ai relancé sans succès. Je ferai donc le jeu avec les quelques documents reçus.
La troisième rencontre comportait deux livres, car j’avais choisi des albums au lieu d’un roman. Ils ont lu: Le livre où la poule meurt à la fin (François Blais) et Le pire livre du monde (Élise Gravel).
Pour le premier, nous avons fait une discussion:
- Pour quelle chose avez-vous beaucoup de difficulté à vous retenir d’acheter?
- Faire deviner aux autres une chose que vous avez achetée et que vous n’avez jamais utilisée.
- Comment fonctionne le crédit? Quel est donc le stratagème de la poule?
- «Il faut être stupide pour donner une carte de crédit à une poule.» Que veut critiquer ce commentaire?
- Pouvez-vous commenter la chute?
- Vous pensez quoi de ce livre? Sérieux? Drôle?
Pour le deuxième, nous avons fait de petite activités écrites:
- Trouver les fautes
- Trouver les caractéristiques du livre (2 livres en 1, cynisme des petits monstres, ennuyant/drôle)
- Réécrire le paragraphe des «super» en trouvant des mots diversifiés et plus précis
- Chercher dans le dictionnaire les mots savants. Existent-ils?
- Pourquoi 1850?
- Onomatopées
- Diversité démontrée par les personnages dans la foule
- Discuter des clichés
Le roman suivant fut Jefferson de Jean-Claude Mourlevat. Comme il est un peu plus long à lire, je l’ai mis au retour des fêtes après une pause de 2 mois. Ce roman fut bien apprécié, je crois. Je n’ai pas encore reçu tous les résultats du vote, mais je prédis que ça sera le grand gagnant des romans.
À cette rencontre, nous avons travaillé les personnages. Ceux-ci sont très typés dans le roman. Après une courte discussion sur les personnages du roman et l’intrigue, les jeunes se sont placés en équipe de deux. Chaque équipe s’est vu distribuer une fiche de huit personnages.
Pendant une 15aine de minutes, ils devaient écrire les caractéristiques qu’ils donneraient à ces personnages. Pas caractériser leur physique, mais bien ce que les personnages leur donnent comme impression (confiance, peur, ridicule…). Nous en avons profité pour parler de la première impression. Je leur ai demandé sur quoi ils se basaient pour pouvoir ainsi décrire le personnage, nous avons discuté de superficialité, de désignation des genres («ça c’est un gars c’est sûr, regarde ce qu’il porte, les couleurs…»). Nous avons continué la discussion en petites équipes de deux en remplissant les fiches questions. Une belle réflexion sur l’importance d’aller vers les gens, d’apprendre à les connaître avant de se faire une idée, de ne pas écouter les ragots portés par les autres, mais bien de se faire une idée par de vrais contacts. Un détour sur les préjugés, les standards de société. Une belle maturité des plus vieux du groupe.
Le roman suivant, Une sale affaire de dentifrice (Alexandre Côté-Fournier) semble avoir plu sans plus. Je leur ai demandé si les illustrations (fausses publicités) venaient aider l’appréciation et il semblerait que pas vraiment. Nous avons exploré le fait que ça se passe en 2097. Je leur ai demandé si les indices du livre nous permettaient de croire à l’action dans le futur. J’ai attiré leur attention sur les subterfuges de l’auteur pour nous permettre d’être en 2097 mais sans être obligé de trop inventer le futur.
Ils ont eu à choisir l’invention la plus intéressante du livre. Puis ils ont terminé avec un dessin d’une publicité pour une invention de leur cru de 2097, son utilité, son nom, un slogan… Un genre d’infopub.
Les autres rencontres n’ont malheureusement pas eu lieu. Eh oui le confinement nous a empêchés de vivre de belles rencontres à discuter d’albums très inspirants. J’ai quand même posté des activités réflexives à faire, mais facultatives bien sûr.
Les albums étaient Comment j’ai raté ma vie de Bertrand Santini et Bertrand Gatignol, Le singe de Davide Cali et Giancula Foli, Moi j’attends… de Davide Cali et Serge Block. Si vous avez la chance de mettre la main sur un de ces trois albums, PARTICULIÈREMENT Moi j’attends… Ils sont vraiment magnifiques. Moi j’attends… est très touchant. Je crois que c’est le plus bel album que j’aie lu de toute ma vie.
L’exploitation du premier album a été prise sur J’enseigne avec la littérature jeunesse. Voici les pistes proposées.
Voici aussi les feuilles de votes envoyées par courriel.
Témoin du confinement, le travail de ma fille de 11 ans comme illustration de son attente… (Pete the Cat Club par l’auteur qu’on écoute presque tous les jours sur Instagram et l’ennui grandiose de ses amis)
«Moi j’attends… de parler à ceux que j’aime en chair et en os.»
Merci beaucoup. Je m’étais dit que j’avais fini d’acheter des livres pour cette année…Bon quelques achats de plus! J’aime beaucoup l’illustration de ta fille. Merci d’avoir pris le temps de partager.
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A-t-on jamais fini d’acheter des livres 😉
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