École maison: nouvelle réalité, partie 1

Nouvelle réalité parce que nous sommes en train de développer de belles choses, tannées de regarder nos 4 murs toute la journée.  Cette réalité de confinement n’est pas l’école à la maison telle qu’on la vit depuis plus de 18 ans. Et je vais vous exposer plusieurs facettes de cette réalité transformée dans les prochaines publications.

Les activités de groupe de soutien se déroulent parfois dans un local, parfois dans la maison de l’une ou de l’autre de nous, mamans.  Cela demande, dans un premier cas, une gestion d’inscriptions complexe et, dans un deuxième cas, un espace suffisant pas trop encombré.

En confinement, la vie se déroule à la maison, sans ces contacts si riches au groupe de soutien, aux amis, aux mamans solidaires et toujours de bon conseil.  Les réseaux sociaux sont aidants pour nous, mais nos enfants tournent un peu en rond sans vie de groupe, malgré leurs nombreux projets en cours.

Contrairement à la croyance populaire, lorsque l’on choisit les apprentissages en famille, on s’ouvre au monde extérieur au lieu de s’enfermer dans un carcan déjà tout dessiné. Ce monde s’est rapetissé brusquement, un matin de la mi-mars. Certaines familles étaient déjà bien décidées, dès les premiers jours, à faire le virage en ligne.  D’autres, comme moi, étaient plutôt figées dans le déni, incapables de s’adapter à ce monde virtuel en train de pousser en accéléré.

Mais, un jour, il faut en revenir, et prendre le virage nous aussi. Comme l’avenir de la prochaine année est incertain, je suis frileuse à l’idée de recommencer les activités de groupe sans limite. Je préfère m’organiser pour le pire scénario qui prévoit que septembre verra le retour d’une courbe ascendante et des mesures de distanciation plus serrées. Je préfère m’organiser pour offrir des activités en ligne bien réfléchies et adaptées à cette réalité, que de foncer et de devoir adapter l’inadaptable encore une autre fois.

J’ai donc mis sur pied un groupe d’histoire/géo pour ma fille qui entre en 1re secondaire et ses amis proches qui font le même saut qu’elle en septembre. Ils travailleront chacun à la maison pour un chapitre, puis auront une rencontre de mini-groupe virtuelle, semi-virtuelle ou en personne selon les circonstances. Cette rencontre permettra les discussions, échanges, activités et réactions sur le chapitre vu individuellement. Nous travaillerons avec les fascicules d’Histoire à la carte et de Géo à la carte des édtions CEC. Ma fille était bien contente de cette planification et sautait de joie à chaque ami ajouté à ce mini-groupe.

Une autre formidable maman du groupe de soutien a, pour sa part, mis sur pied un groupe en ligne d’Histoire du monde pour le primaire basée sur le curriculum Story of the World (sans aborder le côté religieux).  J’y ai inscrit mon garcon de 6 ans.  Nous avons eu deux rencontres virtuelles jusqu’à présent, et fiston a adoré.

La première portait sur comment sait-on tout ça en Histoire… L’archéologie, la découverte d’artéfacts, les hypothèses… La lecture du chapitre du livre se fait en groupe.  Se faire raconter une histoire en «read-aloud» est un bonheur.  Ensuite des questions/discussions se font autour de la lecture. Enfin, une petite activité en lien avec la lecture est faite ensemble.  Puis pendant la semaine qui suit, chaque famille est libre d’explorer le thème du chapitre librement. On peut aussi partager nos ressources sur un groupe Facebook privé dédié à notre gang.

Voici quelques petits partages possibles sur le chapitre 0:

La semaine suivante, nous avons vu la première partie du chapitre 1 sur les peuples nomades.  La lecture nous a permis de découvrir leur mode de vie, leur alimentation, l’habillement et le partage des tâches au sein du groupe.  L’activité était une visite guidée de la grotte de Lascaux et l’exécution de peintures pariétales.  C’était une activité toute indiquée pour mon fils qui adore dessiner.  J’ai dû m’absenter pour la fin de la rencontre virtuelle, il a été accompagné par sa grande soeur pour le reste de l’activité. Lorsque je suis revenue, une superbe visite guidée de la grotte des Temps Anciens m’attendait. Il a réalisé les dessins et organisé toute la grotte dans sa chambre.  Si vous mettez de côté le trois-secondes sur notre lit parental en désordre, cette visite est incroyable! Pendant l’écoute de la discussion en ligne, il m’a aussi expliqué clairement pourquoi ils vivaient une vie de nomades, avec des mots nettement au-dessus de 6 ans.  Les apprentissages menés par le plaisir s’inscrivent efficacement dans la mémoire.

D’autres superbes initiatives de cette forme sont nées, comme des conférences en ligne, ma bibliothèque postale, des activités prévues en personne remaniées pour être présentées en ligne… je suis fière de faire partie d’une belle gang qui réussit à se revirer de bord pour exploiter la situation de façon positive.  Si les enseignants ont aussi toute mon admiration en ces temps stressants et incertains, si leur adaptabilité, leur résilience et leur amour des enfants m’impressionnent, je suis tout aussi admirative des initiatives des parents d’école maison et de l’esprit de solidarité qui enveloppe nos combats quotidiens.

Un premier volet de la réalité de la vraie école à la maison.

Déjà 2 ans! Déjà la fin!

Hé oui, il y a  déjà 2 ans que ma fille quittait son école maison pour entrer au cégep en Arts, Lettres et Communication.  Ce printemps, elle termine donc son programme, avec de très belles réussites.  Dû au confinement, les étudiants et enseignants sont dans l’impossibilité de se réunir pour fêter ensemble.  Qu’à cela ne tienne, les enseignants ont préparé une rencontre virtuelle, verre de vin à la main, pour se dire au revoir, mais surtout, surtout pour présenter les oeuvres exceptionnelles de leurs étudiants.  De plus, ils ont préparé une vidéo surprise réunissant tous les enseignants du programme, pour laisser un petit mot personnalisé à chaque étudiant finissant.  Il faut dire qu’elles étaient quatre à finir cette année. C’est plus facile de laisser un petit au revoir à chacune.

Nous avons mis le 5 à 7 sur la télévision, Lucie-Maud s’est assise au salon avec son ordi et son verre de vin à la main, puis nous avons écouté les discours officiels et les présentations des oeuvres des étudiants.  J’ai pris des photos, car ce seront les seuls souvenirs de sa fin de cégep… C’est comme ça que la pandémie a permis que ça se passe cette année.

 

On voit la prof en charge du programme devant un fond d’écran qui laisse supposer qu’ils sont dans un endroit chic pour fêter cette fin de DEC. (les photos ont été retouchées pour empêcher d’en reconnaître les participants)

On voit aussi comment les oeuvres des étudiants de première année étaient montrées, en photo, sans qu’on puisse en faire le tour, statiques, sans profondeur… mais bon, situation mondiale oblige…

 

On voit une prise d’écran pendant l’écoute du film du cours de cinéma, qui a changé de direction du tout au tout lorsque la pandémie est venue tout chambouler.  Les filles se sont revirées de bord en 10 jours pour créer un nouveau scénario sur un nouveau sujet: le coronavirus! Elles ont tout fait en restant confinées, c’est vraiment un exploit.  Pour l’instant, nous attendons encore le ok d’une participante pour le partager en vidéo Youtube non répertoriée.  J’aimerais beaucoup pouvoir vous le montrer, c’est un travail très intéressant, qui capte entièrement l’essence du moment, l’âme du quotidien en pandémie. Même le titre est tellement hot: Cor-on-a-un-problème !

Je leur ai aussi proposé de l’envoyer au Musée de la civilisation de Québec, qui souhaite documenter cette période historique exceptionnelle au Québec.  Je ne sais pas si elles le feront.

On voit une scène du projet final de Lucie-Maud croquée sur le vif pendant l’écoute.

Le travail de Lucie-Maud est partagé sur Youtube non répertorié.  Ce travail est le projet intégrateur du DEC.  Elle devait choisir deux langages différents et les utiliser en symbiose pour faire le point final à ce deux ans passé à apprendre, à cheminer, à grandir.

Voici ce que Lucie en disait dans son texte de présentation pour sa vidéo:

«… je me suis penchée sur ce qui me rendait heureuse. J’ai exposé mes deux passions en ces langages que sont la bande-dessinée et le théâtre … J’ai créé un Strip comics  géant en m’inspirant des histoires banales mais passionnantes de Paul de Michel Rabagliati et je lui ai donné vie par l’interprétation d’extraits de Phèdre (Jean Racine), de Cyrano de Bergerac (Edmond Rostand) et surtout de Les Belles-sœurs (Michel Tremblay). L’aspect postmoderne du projet se retrouve dans le non-respect  des frontières temporelles et stylistiques dans l’union des deux langages, qui créent ensemble un nouveau genre théâtral. Mise amor vise à faire réfléchir l’artiste plutôt que son public, comme on voit habituellement dans les projets à portée éducative. »

Voici le texte des répliques utilisées pour son oeuvre.

On voit les commentaires reçus LIVE par Lucie-Maud après la présentation de sa vidéo.

Ce fut une fin un peu tristounette, qui laissera un souvenir doux-amer.  Un souvenir à raconter à ses enfants: la fin du DEC en temps du coronavirus!