Être là où l’on doit être

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Je viens de finir de lire un roman que je vais utiliser pour mon groupe des Mollolecteurs (9-12 ans). Une phrase qui y revient souvent est: Être là on l’on doit être. Cela m’a beaucoup interpellée car je me suis posé la question à de nombreuses reprises cette année qui vient de passer.

«Suis-je là où je devrais être?»

Il est difficile de répondre à cette question. Et ma philosophie a toujours été que la vie s’écrit une page à la fois, qu’on ne peut tout contrôler et encore moins tout prévoir.

Je me suis rendue compte que l’année était tellement difficile que je me refermais sur moi-même pour éviter d’avoir à répondre à la question inévitable: «Pis, comment ça va?» Cette question est une question-piège. Si l’on répond «Oui tout va bien», on ment, et la vie continue. Si l’on répond «Non ça ne va pas», la plupart des gens ignoreront ou ne voudront pas chercher à savoir pourquoi. Parce qu’on a assez de nos malheurs, pas besoin de ceux des autres.

Si vous me lisez couramment, vous savez pourquoi mon année a été difficile. Mais il arrive que ce ne soit pas seulement les événements qui cause ce sentiment mais aussi tout simplement l’impression de ne pas être là où l’on devrait être à ce moment-ci de notre vie.

L’école maison est dangereuse car elle crée un milieu artificiel de vie qui inévitablement doit se briser un jour. On vit dans un cocon familial, non je ne dirai pas nécessairement douillet, mais protégé. On gère au quotidien et chaque jour on se lève sur une nouvelle journée qu’on a choisie, la plupart du temps. On ne se rend pas compte de cet effet pernicieux de vivre en vase clos. Un jour, notre enfant a grandi (ils grandissent toujours trop vite) et doit sortir de la maison, du cocon, pour aller vivre autre chose. Si l’enfant était allé à l’école, le cégep ne serait qu’une continuité. Mais avec l’école maison le cégep demande une restructuration complète du mode de vie. le cocon ne sera plus jamais fermé complètement sur notre vie familiale, il aura pour toujours une brèche vers l’extérieur.

Et quand cette belle aventure d’école maison se termine, on se retrouve devant rien. C’est comme si nos enfants partaient du nid doublement. On a, par le passé, quitté notre «carrière» qu’on ne peut pas vraiment retrouver 15 ans plus tard sans nécessiter une mise au point. Mais on n’a pas nécessairement le goût non plus de reprendre là où on avait laissé car justement on est ailleurs maintenant.  On doit aussi se questionner à savoir qui on est, qu’est-on devenu?

Avec ma famille qui s’était étalée sur deux décennies, il était évident que je restais dans le milieu plus longtemps que la plupart des familles qui m’entouraient. Cela voulait donc dire que pendant que des familles quittaient mon entourage, d’autres venaient graviter autour de moi. Je devais refaire mon cercle de fréquentation relié à l’école maison. Mais avec le temps j’avais commencé mon lent cheminement vers la fin de cette aventure.  Entrevoir des possibilités d’utilisation de mon temps d’adulte, échafauder des plans d’avenir, des projets motivants.

Cette année difficile a fait s’écrouler bien des échéanciers. Et je me suis retrouvée à ne plus être capable de voir l’avenir.  Je me suis retrouvée à ne pouvoir que considérer la prochaine heure et ensuite la prochaine heure, une à la fois pour boucler des journées qui se sont suivies pendant des mois. Je me suis retrouvée à faire porter à une petite fille de quelques mois le poids de la déception. Non je ne me suis pas retrouvée ainsi mais j’aurais pu. Je me suis arrêtée à temps. Cette enfant qui n’avait pas demandé à venir au monde, moi je l’avais choisie et je devais maintenant pleinement l’assumer. OUI ce fut une année difficile, mais les autres années à venir le seraient tout autant avec une telle vision que la vie est si difficile.

NON je ne suis pas où je croyais que je serais il y a près de deux ans. Juste avant qu’un petit plus sur un bâton ne se transforme en crevette gigotante, puis en sirène à lait maternel. Je suis ailleurs. Qu’est-ce qui sortira de cette nouvelle voie? Je devrai défricher longtemps encore je crois. Mais je suis maintenant capable d’ouvrir ce chemin d’avenir pour elle et pour moi.

L’automne s’annonce occupé. L’automne s’annonce rempli de nouveautés. L’automne s’annonce chargé d’anniversaires pleins d’émotions.  Mais l’automne filera vers l’hiver, qui lui finira par mener au prochain été. Et j’essaierai très fort que cet automne ne puisse pas s’annoncer difficile. Car ce mot, bien que ce sera difficile d’y arriver, ce mot, donc, devra être rayé de mon vocabulaire pour qualifier ma vie.

Suis-je là où je dois être? Je ne suis pas là où je croyais que je serais, à 45 ans. C’est déstabilisant. Mais je suis certainement là où je suis et cela ne peut être autrement. La vie s’est écrite ainsi, c’est certainement parce que cela devait être ainsi et donc je devais y être aussi.

Et vous, où êtes-vous?

 

 

Le retour des Adolecteurs

Après une année de congé pour bercer bébé, voilà que je repars les Adolecteurs de l’école maison. Comme par le passé, les jeunes doivent lire la sélection de romans pour les élèves du secondaire parue sur le blogue http://prixadolecteurs.blogspot.com/ pendant l’année scolaire afin de voter en avril pour leur roman québécois et étranger préférés. Cette année la sélection compte huit livres au lieu de 10.

J’ai mis à l’horaire 7 rencontres. Elles se dérouleront dans la bibliothèque municipale de Saint-Hyacinthe qui accepte gracieusement qu’on y tienne nos activités.  Encore une fois, nous aurons plus de 12 jeunes qui discuteront autour de ces romans. Chaque mois, un roman différent sera mis de l’avant. Ce sera de lui dont on parlera.

Mais grande nouveauté cette année!!! J’ai mis sur pied un groupe de Mollolecteurs, des lecteurs de 9-12 ans, et un groupe de Minilecteurs (ceux qui aiment mieux se faire lire que de lire eux-mêmes), en grande partie frères et soeurs des plus vieux. Il faut bien tenir occupés ces plus jeunes qui suivent, car en école maison on aime les déplacements en famille.

Les Mollolecteurs ont une sélection de 4-5 romans, sélectionnés par moi. Mais contrairement aux plus vieux, leurs rencontres ne seront pas que discussion autour du roman. Il y aura une ou plusieurs activités en lien avec le roman lu. Pas d’activités d’école, plus des activités dynamiques pour encourager à aimer la lecture et pour avoir le goût d’en parler après la lecture. Je prépare mes groupes d’adolecteurs du futur.

Les Minilecteurs se feront raconter un album jeunesse et auront des activités dirigées autour de l’album, toujours dans le but de stimuler le goût des livres des enfants. Je prévois donc des livres accrocheurs et des activités amusantes. Encore une fois, point de travail scolaire à l’horizon.

La bibliothèque met même un local fermé à notre disposition pour encadrer les activités plus grouillantes des petits.  Nous avons un super accueil dans ce nouveau lieu. Par le passé, nous allions à ma bibliothèque de village, où je fais du bénévolat.  Mais avec trois groupes à gérer, elle était devenue trop petite pour nos besoins.

Je suis vraiment emballée par ce nouveau départ. J’ai hâte de voir l’engouement des plus jeunes, l’intérêt des moyens et surtout la discussion des plus vieux, toujours tellement riche.

Il reste encore des places si jamais vous voulez vous joindre à nous. Faites-moi signe tout simplement.

Essai numéro 3

Après Pixel et Point de mire, je vais maintenant essayer Sommets (de Chenelière) avec mon grand dyspraxique qui aura 17 ans en septembre.  Pixel demandait trop de manipulation de matériel de géométrie. Nous avons arrêté le cahier aux deux tiers de l’année mais avec beaucoup d’échecs. Point de mire est, comme je l’avais cru, trop demandant, trop hermétique et exigeant pour lui. Je ne lui ai fait faire que les chapitres sur la matière qu’il n’avait pas réussie dans Pixel. Mais il a tout de même pris un an complet pour y arriver. nous finalisons présentement le chapitre 8. Ensuite il restera à faire le bilan. Avec Point de mire non plus il n’a pas tout réussi. Plus d’échecs que d’autres choses.

J’ai malgré tout décidé de procéder en 2e secondaire. Mais avec Sommets qui semble expliquer différemment. Je l’ai feuilleté, mais c’est vraiment à l’usage que nous pourrons voir s’il soutient mieux que les deux autres. L’objectif est de réussir une année en une année, pour arriver par finir les maths de sec3 nécessaires pour entrer dans son programme professionnel. Il lui resterait deux ans. J’espère que nous réussirons en deux ans.

Le cahier Sommets est plus aéré. Pour une calligraphie grosse et incompréhensible, cet allègement est salutaire. J’ai aussi vu des explications différentes pour des notions difficiles. Des façons d’expliquer innovantes. Peut-être tout cela l’aidera-t-il. Je vous en redonne des nouvelles.

La santé mentale à l’emploi

Les employés suivent des formations pour être capables d’effectuer leur travail. Mais parfois ce sont les patrons qui devraient suivre des formations pour devenir de meilleurs patrons (et de meilleures personnes tout court).

Commencer à travailler avec un trouble anxieux généralisé n’est pas facile. Le stress bloque les canaux d’apprentissage chez la personne anxieuse. L’employé écoute attentivement et comprend, mais les informations ne s’enregistrent pas, elles s’enregistrent mal ou encore elles sont difficiles à aller re-chercher. L’employé veut bien faire, bien paraître, ce qui fait augmenter le stress, et un cercle vicieux s’amorce où l’employé en trouble anxieux sort toujours perdant. Pourtant c’est une personne compétente, souvent performante, mais cela ne transparaît pas à ce moment-ci.

L’employée précise qu’elle a besoin de plus de temps qu’une autre pour enregistrer les informations. l’employeur soupire. L’employée prend des notes pour reviser les apprentissages lorsque le stress sera absent, par exemple à la maison, l’employeur lui dit d’arrêter, que ce n’est pas nécessaire. L’employée décide de venir au travail à ses frais pour observer plus longuement les routines et les transactions, l’employeur soupire et baisse les yeux, découragé. (mais ne refuse pas, au moins)

Vous comprendrez que cette attitude de l’employeur n’est pas pour aider la personne anxieuse à gérer son stress. Pourtant une fois les nouveaux apprentissages maîtrisés, cette employée sera la plus dévouée qu’il aura côtoyée. Elle a de la magie à revendre et fera fructifier son entreprise d’amusement d’enfants. De plus elle est polie, souriante et respectueuse. Mais l’apprentissage de la caisse sera plus long…

L’école à la maison permet aux enfants de s’épanouir dans toute leur unicité. Ils peuvent se développer à leur plein potentiel, et apprendre à vivre avec leurs options ajoutées (tel un trouble anxieux généralisé). Leur rythme d’apprentissage est respecté, plus rapide certaines fois, plus lent en d’autres temps. Mais le milieu de travail est impitoyable. Il faut désormais « fitter » dans le moule. C’est dommage car les employeurs peuvent perdre de formidables employés. À quand un monde plus ouvert aux troubles mentaux?

Pour ma part, j’ai fait un pep talk ce matin. «Tu sais, ma fille, tu n’es pas QUE ça un trouble anxieux. Oui il fait partie de toi et tu dois apprendre à vivre avec, mais tu es bien plus que ça! Tu as de fantastiques forces et de superbes qualités qui te seront très utiles dans cet emploi. Laisse-toi la chance de passer le cap du stress de la nouveauté et tu vas leur en montrer à ces gens un peu bornés.» «Et continue à utiliser tes stratégies de compensation, ce sera un patron de plus qui sera initié à côtoyer des gens uniques et créatifs.»