Impossible: Qui ne peut pas être (définition du Larousse 2012).
Statistiquement impossible: Dont les probabilités chiffrées sont nulles ou si proches de 0, qu’elles sont considérées nulles.
Je suis plongée dans ce mélange de faits impossibles mais réels et d’émotions troubles. Je suis en état de choc.
Miracle: Fait étonnant qui suscite l’émerveillement.
Voilà, un nouveau miracle vient d’entrer dans nos vies. Bienvenu, heureux, mais terriblement déstabilisant.
Fatigue très importante, envies d’uriner fréquentes, baisse de production de lait, absence de menstruations… Ben oui je le sais que vous voyez tout de suite où je veux en venir, vous savez déjà. Mais moi, je ne voyais pas. Dans ma condition, c’était tout bonnement impossible.
Troubles de fertilité importants depuis toujours. Pour le dernier, 3 inséminations artificielles avec une grande stimulation ovarienne, fausses couches à répétition à 5-6 semaines de grossesse si pas de médication spéciale pour garder le bébé. Cycle très irrégulier (causé par le trouble de fertilité) et surtout âge très avancé (ben oui, je suis vieille).
Je suis épuisée depuis 2 mois, incapable d’animer mes activités de groupe. Quelques douleurs abdominales. Je consulte, je réfléchis aux causes possibles, je passe même une échographie. Tout est beau. Je me plains pour rien semble-t-il. Peut-être une préménopause précoce. Si c’est ça, les prochaines années seront difficiles. Ma glycémie est difficile à contrôler malgré l’aide d’un médicament soutenant. J’en arrive à vouloir aller voir le médecin pour demander un médicament pour déclencher les menstruations persuadée que lorsqu’elles déclencheront, ce sera enfin la libération. Depuis la naissance du dernier, je suis très régulière, mais c’est aussi très abondant et douloureux. Là rien depuis deux mois. J’ai juste pensé au retour de mes non-cycles habituels. Mais par acquis de conscience, avant de déclencher les menstruations, on élimine toute autre possibilité. On fait un test de grossesse.
Je sors de la salle de bain, en pleurs, j’ai peine à respirer. Le + s’est inscrit très rapidement. Je suis habituée aux tests très précoces en fertilité où tout est pâle et incertain. Mais là aucun doute…
Ok mais là panique… S’il y a un bébé, il y a aussi risque de perdre le bébé. Je ne prends pas de médicaments pour qu’il reste en place. Je stresse. Je me rends à l’urgence en pleine nuit, persuadée qu’il faut que j’agisse dans l’heure sinon ce rêve s’arrêtera. Elle me fait des prises de sang pour confirmer, me retourne chez moi avec échographie première heure au matin. Les prises de sang confirment all right, les hormones dans le tapis. À l’échographie, un bébé de 9 semaines et 6 jours est bien installé avec son petit coeur qui bat. La technicienne peine à voir les images, mon ventre tressaute sans arrêt, je pleure. De joie, de choc, d’anxiété, de fatigue. Elle me félicite, je me demande presque pour quelle raison. Je ne réalise tout simplement pas.
Le médecin me prescrit les si-précieuses hormones pour garder ce trésor en place. Je reviens à la maison et je prends le téléphone. Des rendez-vous s’imposent. Clinique de grossesse à risque de St-Luc, échographie de clarté nuccale… Quoi? C’est réellement étrange de refaire tous ces gestes. Ma vie vient de basculer.
J’avais beaucoup de difficulté à faire le deuil. Ma vie de mère a été bouleversée de nombreux deuils pénibles. Je me retrouvais à 40 ans à accoucher de mon dernier sans aucune possibilité autre pour la suite. Tranquillement, avec les trois années qui ont passé, mon deuil de la maternité essayait tant bien que mal de faire son chemin. Faire des projets d’avenir, trouver sa voie autrement, accompagner les plus vieux qui approchent de l’âge adulte à grands pas. À part l’allaitement, que j’avais encore bien de l’hésitation à arrêter et que mon fils ne souhaitait pas voir arrêter non plus, le reste avançait vers la quiétude de l’après jeunes enfants.
Grossesse spontanée. Fait statistiquement impossible dans ma condition. Et pourtant, bébé est là. Dans ma condition, les fausses couches sont très probables aussi, alors je me protège. Mais accroché de façon autonome depuis 10 semaines, je me permets de rêver. J’aurai 44 ans à l’accouchement. Je suis encore en état de choc.
P.S. J’ai dit à mon mari que si ce petit être, malgré ce qu’il a vu de nous d’où il était avant, nous a quand même choisi comme parents sans qu’on le sollicite, eh bien on doit être des parents pas si pires 😉