Déchirements

Parfois la vie nous tord le coeur, sans grande conséquence ici, mais tout de même un grand boulversement intérieur.

Vendredi, mon mari m’apprend qu’il doit aller à Chicago une semaine pour une formation pour son travail. Sur le coup, je suis ébranlée. Une semaine sans lui, pour moi c’est une éternité. Je lui ai toujours dit qu’avec l’école maison, on peut le suivre dans ces voyages d’emploi, mais il n’aime pas imposer mon petit mari, il est plutôt du genre «low profile», ne pas exiger, ne pas chambarder l’ordre convenu. Alors devoir organiser, en marge de son voyage d’emploi, le voyage de sa famille, de devoir gérer le dérangement de chambre d’hotel, de l’avion…Très peu pour lui. Il s’en est toujours sorti sans devoir aller à l’étranger. Mais là son patron l’a inscrit à une formation à Chicago. Et miracle, avant même de m’en parler, il avait déjà averti son patron que… eh bien que la famille suivrait probablement.

Alors le choc de la nouvelle passée, j’accueille avec beaucoup d’incertitude le fait que possiblement on pourrait le suivre. Samedi, j’ai quelques heures de travail devant moi pendant que ma fille est au théâtre. C’est loin de la maison alors j’en profite pour travailler tranquille à la bibliothèque municipale dans le même bâtiment que les cours de théâtre. Peine perdue, aucun travail de planification d’activités se fait cette fois-ci. Je commence à regarder le trajet pour aller à Chicago, les possiblités d’hébergement, les activtiés touristiques… Je suis emballée, volubile, créative. Le voyage s’organise petit à petit dans ma tête. Nous partirons neuf jours sur lesquels mon mari n’aurait que trois jours de formation. De belles vacances en perspective. Nous agencerons ce voyage avec un arrêt au zoo de Toronto voir les pandas que ma fille nous réclame depuis un an. La longue fin de semaine nous permet de profiter plus longtemps des vacances. Et nous serons revenus juste à temps pour les générales de Lucie-Maud en théâtre. Le choc est réellement passé, l’excitation grandit à vitesse grand V. Nous ne sommes que dimanche après-midi et Lili a déjà répété au moins 100 fois qu’elle verra les pandas et Chicago au mois de mai.

Puis ce matin, je reçois le bulletin de l’AQED (l’Association québécoise pour l’éducation à domicile). Ils annoncent le congrès annuel, le symposium, auquel j’assiste religieusement depuis 15 ans. Le rendez-vous que je ne veux pas manquer. Le point de rencontre de toutes ces mamans (et ces quelques papas) que je connais sur internet comme de bonnes vieilles amies mais que je n’ai jamais vues en personne. Les ateliers  que je donne chaque année parce que les sujets me passionnent et que je veux partager cette passion. Cette année, pour le 20e anniversaire de l’association, le symposium se déroule exceptionnellement sur deux jours. Je continue de lire en diagonale, je cherche des yeux la date, je sais que c’est habituellement en mai. Je crains le pire. C’était une possibilité à laquelle, dans l’excitation soudaine de l’annonce du voyage, je n’avais pas pensé… Le symposium tombe la grande fin de semaine de mai et je vais le rater…

J’ai bien cherché à voir si des réaménagements étaient possibles pour les vacances, nous permettant de revenir trois jours plus tôt, mais, non. Cela apporterait des changements désagréables  au voyage. Bien sûr, il serait possible de laisser mon petit mari partir seul et de pouvoir aller au symposium, mais je réalise un rêve de pouvoir voyager avec ma gang en plein milieu de l’année scolaire pour découvrir on the spot un endroit que je n’aurais pas nécessairement choisi autrement. Un endroit surprise, une visite spontanée. Vraiment, il y a un déchirement profond. Un deuil sera à faire, mais je suis bien avec ma décision. Il faut juste digérer tranquillement le tout.

Ce sera dur les prochains mois, le symposium s’impose énormément dans ma vie au printemps. Je prépare les ateliers, je prépare ma bilbiothèque de l’école de rang, et les réseaux sociaux de mon entourage sont assaillis de messages de futures rencontres, du plaisir anticipé, de l’intérêt marqué. Soupir.

Personne n’est mort. C’est plutôt une perspective positive qui nous attend. Mais le deuil sera mordant.

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