C’est difficile de faire un chemin, un chemin nouveau, sans traces et sans balises pour nous guider.
C’est difficile de tenter de pousser son enfant en avant et essayer de se faire plus petit derrière, quand on a toute sa vie pris toutes les décisions scolaires sans consulter qui que ce soit.
C’est difficile de voir son enfant souffrir d’un trouble anxieux paralysant qui empêche littéralement de fonctionner dans le monde nouveau.
C’est difficile de prendre conscience que l’inexpérience de cette partie de l’aventure ralentit le processus d’obtention du diplôme et qu’elle finira probablement une demie année plus tard que les jeunes de son âge.
Elle a fait sa 4e secondaire à la maison, avec les cahiers du secteur des jeunes que j’ai choisis. Aux adultes, la matière est présentée de façon tellement différente. Ce n’est pas vrai que le français, c’est le français. Les questions sont tournées de façon étrange, dirigeant les réponses vers l’inconnu, l’incertain. Bien que son français écrit soir irréprochable, ces questions tordues déroutent et mènent à l’échec. La production écrite sauve la note, mais elle est bien déçue de la note moyenne inscrite au bulletin. Cette note ne reflète tellement pas le travail qu’elle a fait toute l’année.
Deuxième mauvaise nouvelle: alors qu’elle croit qu’il n’y avait que ces deux examens… elle apprend que pour le français de 4e secondaire, il y a deux codes de cours donc une autre série de tests. Cela fait deux semaines que ses premiers examens sont terminés, Elle a fêté ses premières unités amassées : 4 en histoire, 12 en anglais, 6 en français. «Non, 3 en français, vous auriez dû savoir madame que le cours de 4e secondaire aux adultes se fait en deux codes de 3 unités chacun… Le 4061, madame, porte sur le texte informatif. Il y a une compréhension de lecture (3 heures) et une production écrite (3 heures). Mais le 4062, madame, porte sur le texte narratif. Il y a une compréhension de lecture (3 heures), une production écrite (3 heures) et une critique littéraire (3 heures).» C’est très clair. C’est juste clair 2 mois trop tard. Là ses examens se prolongent au-delà de Noël. Après avoir travaillé une année complète dans ses cahiers de 4e secondaire, voilà qu’elle perd 6 mois supplémentaires pour les examens lui donnant les unités du diplôme. Épuisant mentalement. On dirait qu’on en voit jamais la fin.
Taxi pour les rencontres préparatoires, taxi pour les examens, trainant bien sûr toute la marmaille chaque fois. Une chance que le centre n’est qu’à 25 minutes (bien comptées, à répétition).
J’essaie de ne pas me mêler des discussions entre elle et les enseignants attitrés. Je souhaite qu’elle prenne les rennes tranquillement de son cheminement. Mais avec son trouble anxieux, les informations se brouillent et, arrivée à la maison, elle ne sait plus exactement ce qui a été dit. Il faut prendre le téléphone et remettre les idées en ordre. Quand faut-il intervenir? Quand faut-il laisser se casser le nez?
Les décisions pour les deux gars qui suivent seront plus expérimentées, mieux réfléchies. Moi aussi, j’apprends à la dure.
Et je dois ajouter en terminant, qu’il faut être fait fort, même après 15 ans d’école maison, pour avoir la capacité de prendre du recul et de ne pas penser que ce retard, cet échec, cette anxiété, ce brouillard sont de ma faute, moi la chef d’orchestre de son aventure.
S’il y a une chose dont je suis certaine c’est que le chef d’orchestre en est un bon 😉 Je ne douterais jamais de ton don de temps, d’énergie et du niveau scolaire que tu lui a procuré 🙂 Je vous souhaite à toutes les deux une bonne continuité tout en espérant beaucoup de zénitude ❤
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