J’ai accroché à ce titre, peu flatteur et un brin baveux. J’ai lu le livre, peu flatteur et un brin baveux.
J’ai souri tout au long de ma lecture. On s’amuse ferme à imaginer la scène, les faces de surprise des personnages, les faux décors de carton. Certains aspects sont à la limite du «politically correct». J’aime ça. Parfois on en a marre du pesé et du poli.
Les Trois p’tits jambons est un mini-roman de Daniel Laverdure. Facile à lire, il s’adresse tout de même à un public cible de 3e cycle. Le ton baveux demande de savoir faire la part des choses. La psychologie derrière les interventions du personnage-lecteur est assez inférée, pas toujours livrée évidente. Mais bon on peut lire au deuxième cycle et apprécier.
Le personnage principal, un garçon de 10 ans, entre dans l’histoire des trois petits cochons et en change le cours en intervenant auprès des cochons et du loup pour que les uns soient moins niaiseux et que l’autre soit moins gourmand. L’auteur exploite à outrance la reprise de l’information. Et c’est une grande part de son humour qui y passe. Tous les termes nécessaires à nommer des cochons: pourceau, porcelet, gorets,… Tous les termes soulignant leur naïveté: imbéciles, andouille, zigotos,… Une belle activité de réchauffement littéraire. Je commence par expliquer ce qu’est une reprise de l’information. Je précise que l’on ne se penchera pas sur l’utilisation de pronoms, mais bien de groupes du nom. Je donne l’exemple des mots utilisés pour parler du loup, puis je leur donne un bon temps, en équipe, à chercher les reprises pour nommer les cochons ensemble et les nommer séparément. Voici la feuille préparée. Et le corrigé.
Question de se dégourdir les jambes, nous nous sommes levés, avons poussé notre chaise. Lorsque je nommais un mot de vocabulaire synonyme du mot cochon, les enfants devaient faire un «jumping jack». Lorsque le mot n’était pas un synonyme de cochon, ils ne faisaient rien.
Une petite partie de Cadavre exquis a suivi. Le Cadavre exquis se joue avec chacun une feuille mobile devant soi. Ils écrivent tous le nom d’un personnage de conte. Puis ils plient le haut de la feuille de façon à cacher le nom écrit. Ils passent la feuille au voisin. Celui-ci sans ouvrir le rabat, écrit le verbe «porte». Protestations! «On écrit tous la même chose, ça ne fera pas différent!» «Oui mais on peut porter des vêtements, des objets, des sentiments…» Ensuite on replie et on passe au voisin. Ce dernier doit écrire ce qui est porté, plier la feuille et passer de nouveau. Tous écrivent une couleur et le mot «et». On plie la feuille et passe encore. Ensuite, c’est le temps d’écrire un autre verbe. (ici j’ai manqué de précision, j’aurais dû dire un verbe à la 3e pers. du sing. au présent) On plie, on passe une dernière fois. On écrit un adverbe et on ramène la feuille à moi. J’ai lu les phrases ainsi créées devant tout le monde et on s’est bien marré. En voici quelques exemples, dans les plus savoureux.
À la fin de notre première rencontre de 3 heures, j’ai expliqué le projet. Nous avons fait la liste au tableau des principaux contes connus. Toujours en équipe, les enfants devaient choisir un conte et le modifier en faisant intervenir chacun des membres de l’équipe à un moment ou à un autre de l’aventure. La première étape etait de choisir le conte. Cette étape a été difficile pour certaines équipes qui semblaient avoir trop de choix ou des choix incompatibles. Un équipe s’est scindée, une autre a vacillé. Et finalement toutes ont trouvé un conte à exploiter. Puis ils devaient commencer à dresser la liste des étapes du conte. Je n’ai pas abordé le schéma narratif en détail puisqu’il y avait des enfants de la 3e année à la 6e année. En 3e année, on se contente de dire que le conte a un début, un milieu et une fin. Mais en 6e, le schéma est plus précis. J’ai donc parlé d’étapes du récit. Faire la liste des étapes était à finir en devoir.
À la deuxième rencontre de 3 heures, ils ont mis en commun les étapes de l’histoire et devaient choisir les étapes qu’ils voulaient modifier par leurs interventions. ils devaient aussi décider si cela changeait la fin ou non. J’ai remarqué à quel point les 3e année et les 6e année sortaient de deux mondes différents. Alors que les petits ont gardé une structure plus fidèle au conte d’origine et n’ont modifié que quelques parties, les équipes plus vieilles ont été jusqu’à mélanger deux contes totalement.
Le projet final sera présenté lors d’une troisième rencontre. En attendant, les enfants se sont séparé la tâche d’écrire leur bout de l’histoire. Je leur ai rappelé d’utiliser la reprise de l’information pour varier la façon de nommer le personnage. Je leur ai rappelé à quel point la spontanéité et l’imagination permettaient qu’une histoire riche se développe. Comme dernière étape, ils ont choisi la façon dont ils présenteront le fruit de leur travail au reste du groupe. Toutes les options de présentation étaient ouvertes.
Ce sera un beau show de variété.
À l’horaire le 6 décembre.