Une période de maths, un certain matin de septembre

Maths 2e secondaire. Mathis, assis à ma gauche, observe mes explications pour un problème sur lequel il est encore passé trop vite. Nous sommes en correction de son chapitre 1. Comme d’habitude, il a tout fait le chapitre d’une traite, sans demander d’aide, en écrivant le minimum de calculs et en filant direct jusqu’à la fin, examen compris. Je lui ai pourtant dit de venir me voir après chaque lecture de théorie, pour vérifier si la matière est comprise. Rien à faire. Alors je lui fais effacer sa synthèse. Et on se met à corriger. Et à expliquer chacune des notions. Et il refait les exercices ratés (des problèmes écrits pour la plupart, car il lit trop vite). Pendant qu’il refait un problème, Yann vient me voir.

Maths 1re secondaire. Yann est en train de re-re-corriger ses exercices. Sa feuille est toute barbouillée de calculs en rouge et à la mine. Tout est littéralement un fouillis. Essayer de voir où il s’est trompé est impossible. Surtout que sa logique est… absente. Et les chemins pris pour se rendre à la fin de sa solution, très cahoteux. Alors, patiemment, pour le 50e fois, je lui réexplique, avec un exemple concret et très de base, le chemin à prendre pour y arriver. Pendant qu’il essaie de nouveau de résoudre son problème, avec mon explication bien en main, Lucie me dit qu’elle a juste une mini-question pour moi.

Maths 3e secondaire. Lucie a toujours des questions minuscules qui finalement s’éternisent en explications interminables. Les maths, c’est pas son domaine. «Les quartiles, maman, tu te rappelles des quartiles?» «Euh non…» Et à moi-même: «J’ai déjà étudié ça les quartiles, moi? Le rang centile ok mais les quartiles pff, aucun souvenir.» Alors je lis la théorie, j’en fais du sens dans ma tête, puis je lui explique deux fois plutôt qu’une, en me trompant de mot parfois parce que tsé, ça commence à se mélanger dans ma tête. Puis elle retourne continuer d’essayer à faire du sens dans SA tête. Pendant qu’elle soupire devant le sens qui ne se fait pas, Lili fait le enième barbeau dans la marge de son cahier, parce que «Maman, j’ai fini depuis longtemps».

Maths 3e primaire. 3 pages à faire chaque jour, je me promène d’un cahier à l’autre, pour étirer le temps. Sinon en décembre sa 3e année serait finie et, dans le fond, quel en serait le but? Comme elle lit trop vite aussi, il arrive parfois que le sens de ce qu’elle doit faire lui échappe lors de la première lecture. Si ce n’est pas le cas, les exercices sont effectués très rapidement. Si c’est le cas, alors elle attend que je sois disponible pour lui expliquer la question. En fait, la plupart des fois, je lui lis la question à voix haute, puis elle comprend d’un coup. Sinon je lui dis un mot et elle saisit. Comme tout va très vite, je la laisse s’amuser en travailant. Elle met des perles sur les calculs de drill qui sont terminés. Une grosse si elle est certaine de la réponse, une plus petite si elle est moins sûre. Elle s’amuse à calculer plus que le client en demande. On lui demande combien de minutes de spectacle pour chaque niveau scolaire, elle en calcule même le total pour toute l’école et le transfert de minutes en heures. Pendant qu’elle s’ajoute elle-même du travail pour faire durer son plaisir, Mathis, qui a fini depuis longtemps son problème qu’il devait reprendre, construit en catimini un bidule-truc-muche de son invention.

Maths 2e secondaire. Je le rappelle à l’ordre, lui demande de venir me voir avec son cahier, constate qu’il a réussi le problème, lui donne une seconde explication. Il repart à son bureau. Yann a résolu son problème, dit-il.

Maths 1re secondaire. Nous vérifions si effectivement il a réussi à trouver la solution. Non, ce n’est pas le cas. Alors on le fait ensemble, avec modélisation, répétition, éternel recommencement, on finit par faire du sens. On corrige le numéro suivant et le voilà reparti à sa place pour tenter de réaliser l’impossible: comprendre du premier coup. Lucie soupire pour la xième fois.

Maths 3e secondaire.   Décidément les quartiles ne lui vont pas, tout comme les variables, les formules et les autres théorèmes. On répète avec un autre exemple, oui là elle a compris, oui oui ça ira. «Ok t’es sûre, parce que là Lili aimerait que je regarde son cahier avant que les barbeaux n’envahissent sa page.»

Maths 3e primaire. «MAMMMAAAANNNNNN!!!!!!!! j’ai fini, j’ai fini, j’ai fini…» Le cahier s’agite dans les airs, juste sous mon nez. Il est tellement proche de mes yeux que même avec mes doubles-foyers, je ne vois pas ce qui est écrit. Et en plus il bouge ce cahier. Coup d’oeil rapide, tout est parfait. «Vas-y écouter ton émission en anglais.» Yann et Mathis se poussent pour arriver avant l’autre à la chaise à mes côtés et ainsi obtenir mon attention.

Maths 132e secondaire. Les quartiles en pourcentage dans la fraction du diagramme à bandes donnent une question de sondage dont la moyenne est sous la médiane et forme un carré de l’hypothénuse…

La chaise musicale s’arrête. Elliot, pour sa part, est la tête sous mon chandail, me faisant des pets de bédaine depuis déjà de nombreuses minutes. Il entend sa soeur partir les Wild Kratts à la télévision. Part à courir vers le salon, s’enfarge dans la chaise que les gars ont reculée en se bousculant, trébuche et se cogne la tête, se met à hurler, alors que Yann réussit à s’asseoir avant Mathis, mais Mathis a lancé son cahier sur la table devant moi avant que celui de Yann soit posé. Lucie soupire un bon coup. La période de maths est finie pour aujourd’hui. Maman  est épuisée. Il est 10h45. Ce n’était que la première matière de la journée.

2 réflexions sur “Une période de maths, un certain matin de septembre

  1. Wouhahahahaha!!! D’abord, mes cheveux se dressent sur ma tête en vous lisant… puis j’éclate de rire. Quel plaisir votre blog, merci beaucoup! 🙂

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