Ceux qui s’en vont, ceux qui nous laissent
Ceux qui s’en vont, ceux qui nous laissent
Les vieux parents, les vrais amis
Ceux qui ont laissé leur jeunesse
Dans un paysage endormi
Ceux qui s’en vont, ceux qui nous laissent
Le coeur serré, les cheveux gris
Ceux qui n’ont pas laissé d’adresse
Comme s’ils voulaient qu’on les oublie
Ceux qui s’en vont, ceux qui nous laissent
Avec le silence et la pluie
Avec la force et la faiblesse
De vouloir être encore en vie
Ceux qui s’en vont, ceux qui nous laissent
En étranger au paradis
Ceux qui emportent leur tendresse
Et leur sourire à l’infini
Ceux qui s’en vont, ceux qui nous laissent
Avec des fleurs au bout des doigts
Ceux qui ne tiennent pas leurs promesses
Qui sont parti, pour qui, pour quoi ?
Ceux qui s’en vont, ceux qui nous laissent
Comme des écoliers dans le froid
Les évadés qui disparaissent
Les survivants de l’au-delà
Ceux qui s’en vont, ceux qui nous laissent
Avec le silence et la pluie
Avec la force et la faiblesse
De vouloir être encore en vie
Ceux qui s’en vont, ceux qui nous laissent
En étranger au paradis
Ceux qui emportent leur tendresse
Et leur sourire à l’infini
Ceux qui s’en vont, ceux qui nous laissent
Ceux qui s’en vont, ceux qui nous laissent
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Non, personne n’est mort.
De durer si longtemps en école maison, j’en retire une chose très dure: il est difficile de voir partir ceux qui quittent le milieu.
Ceux avec qui on a tissé des liens, des amitiés. Ceux que l’on a côtoyés de plus près. Ceux qui nous ont guidés, montré le chemin. Ceux avec qui on a ri et pleuré. Ceux avec qui on a bâti.
J’ai commencé avec mon grand qui a aujourd’hui 19 ans, il y a 14 ans. Puis j’ai continué. Et maintenant il y a un dernier qui a 2 ans. Bien sûr, 7 enfants c’est exceptionnel, étendu sur plus de 17 ans de vie, c’est long. Les gens avec qui j’ai commencé l’aventure achèvent ou ont terminé leur périple, n’ont plus de tout-petits avec qui continuer.
Puis certains ont changé de voie aussi. Des changements de cap, de direction, de plan de vie, de province, de pays.
Je reste là à contempler le vide qu’ils ont laissé dans ma vie. Je pleure parfois leur absence.
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L’école maison est exigente. Elle nous engloutit entièrement, de la tête aux pieds. On y perd nos repères, on ne vit carrément plus au même rythme que les autres. On y voit la vie autrement, les priorités changent, le bonheur aussi. On y engage tout notre coeur, on se dévoue pour nos enfants (et même un peu pour ceux des autres 😉 ). On a besoin, du fond de notre maison, du fond de notre rang/rue/avenue, de créer des liens qui nous ressemblent.
Et donc on se rassemble.
Et donc on crée ces liens, qui deviennent vitaux.
Je sais avec qui je peux parler de mon quotidien éreintant de mamans d’enfants différents. Je sais avec qui parler d’activités nouvelles à planifier. Je sais avec qui parler de cas désespérants qui ne devraient pas se retrouver en école maison parce que tout simplement ça ne convient pas à tout le monde. Je sais même avec qui parler d’orthographe et de l’apprentissage si important du français solide. Je sais aussi parler avec tous du matériel utile, conseiller le matériel qui soutient.
Je sais.
Je continue dans cette aventure parce que je suis certainement folle, parce que j’ai des plus jeunes à qui je dois le même plaisir de l’expérience d’école maison que les plus vieux, parce que j’y trouve encore du plaisir malgré l’adolescence insupportable, parce que j’aime ce rythme et parce que je crois au bagage immense que je laisse à mes enfants ainsi et qu’ils n’auraient pas à l’école.
Je continue.
J’y fais de nouvelles rencontres, excellentes et réjouissantes. De nouvelles familles plongent dans l’aventure, et y reconnaître certaines personnes qui sont aussi passionnées que moi est un bonheur à l’état pur. Mais ce bonheur ne réussit pas à amoindrir la douleur de voir partir les autres vers d’autres cieux.
Je reconnais.
Merci d’être passés dans ma vie. Vous y laissez des traces indélébiles.
La vie continue, avec ce lot de ces cicatrices.
La vie continue, et je vais continuer aussi, mais pour l’instant je suis triste de compter ces vides en moi.