École maison et socialisation

La vérité sort de la bouche des enfants.

 

Ma fille de 6 a joué au parc avec des enfants de 3 à 7 ans pendant le match de baseball de son frère. En revenant en camion à la maison, elle lance très solennelle: «L’âge n’a pas d’importance, ce qui compte c’est l’amitié. Ce n’est pas grave l’âge que l’on a lorsqu’on a du plaisir ensemble.»

Quand la première question qui est posée par les enfants d’école lorsqu’ils rencontrent les miens est «Quel âge as-tu?» ou «En quelle année es-tu?» avant même le «Bonjour» ou le «Je m’appelle… et toi?», je trouve les paroles de ma fille empreintes de sagesse. Voilà le vrai sens de la socialisation.

Nous attaquons le dernier droit

Eh oui, vendredi midi, une autre année scolaire sera derrière nous. Déjà.

Petit Elliot aura développé un peu d’autonomie, disons de quelques minutes à la fois. Il est toujours très demandant, boit encore un bon six fois par jour, dont une à la fin de la nuit, mange avec appétit que seulement un repas sur 6 et jamais le déjeûner (le lait de maman est tellement mieux…). Il aura commencé à parler (mais son élocution n’est pas très claire, cela me chicotte encore), à courir, à empiler des cubes, à comprendre un tas de choses utiles, à compter jusqu’à deux. Il aura trouvé son premier idole (son grand frère), compris que les gens partent et reviennent, découvert la peur et lu des centaines de livres avec attention. Jouer dehors et nourrir les animaux avec papa sont ses plus grands plaisirs.

Lili aussi aura fait du chemin cette année. Malgré une fin d’année libre à courir les champs et grimper aux arbres, refusant tout apprentissage formel, elle aura acquis largement les objectifs que j’avais fixés en début d’année: apprendre à lire de façon fluide et par plaisir et continuer de faire des bonds de géant en maths. Elle aura même été bien au-delà de tout ça: apprenant l’heure, les saisons et les mois d’un claquement de doigts, faisant sa première présentation orale seule devant un groupe d’école maison, utilisant l’anglais spontanément et souvent dans sa conversation avec moi (et moi en retour), posant des millions de questions sur une multitude de sujets, juste pour savoir… Elle est curieuse et éveillée, ce qui la rend parfois tourbillon et « désobéissante ». Tellement moi!

Mathis a eu une année un peu mouvementée. Nous avons joué pendant 6 mois avec des médicaments et des doses pour trouver ce qui l’aiderait le mieux autant dans sa concentration, que dans le contrôle de ses crises, que dans la maîtrise de ses tics verbaux. Le Concerta avait fait son temps, il n’avait plus vraiment d’effet. Là je crois que nous avons trouvé un bon équilibre. Il est apaisé et fonctionne bien mieux. Nous avons mis en place d’autres outils dans la dernière année et demie, car il est évident que les médicaments ne font pas des miracles et qu’il faut l’entourer et le soutenir pour avancer dans la bonne direction. Mais je suis très contente de voir qu’il participe activement à la mise en place de ces outils et au dosage de ses nouveaux médicaments. Tout cela est très postitif. Il prend tellement de maturité. Il a porté ses coquilles anti-bruit quotidiennement, même parfois pour lire tranquille dans le salon. Je crois que cela l’aide beaucoup, étant limite TSA, à entrer dans sa bulle et se ressourcer. Je l’ai installé sur un petit bureau seul face à la fenêtre dont une bonne partie est bloquée par l’écran d’ordinateur. Sa concentration s’est beaucoup améliorée. Il a appris à utiliser l’ordinateur de façon fréquente (surtout Word et Power Point). Il apprend vite et est débrouillard.

Yann a trouvé la marche pour le secondaire difficile, mais il s’en est sorti de façon assez intéressante. Je suis aussi exigente envers lui qu’envers les autres tout en gardant en tête ses difficultés majeures d’apprentissage. Il doit vraiment travailler fort, ce qu’il ne fait pas toujours. Mais je peux affirmer tout de même qu’il a atteint un niveau satisfaisant (entre 70 et 80%) en science et en géographie deux de ses trois matières de première secondaire. En français, la 3e matière, c’est moins évident. Ses textes sont toujours aussi incohérents, sa qualité de langue vraiment basse, et sa capacité de révision carrément nulle. Mais je ne crois pas que le garder en première secondaire changera quelque chose. Nous n’avons pas complètement fini la matière de l’année. Pour septembre j’hésite entre aller en 2e secondaire ou finir avant ses cahiers de 1re secondaire et passer en 2e en cours d’année. En maths de 6e année, il progresse bien. Si on met à part la géométrie, pour laquelle il n’y arrive pas, je trouve qu’il se débrouille vraiment bien. La mesure du temps et de l’espace ainsi que l’intégration de ce que représente une quantité ne sont pas aquises. Mais le seront-elles un jour? Ce sont des difficultés inhérentes à sa dyspraxie. Comme il est malgré tout un grand lecteur, il réussit où Mathis a le plus de difficulté: la lecture des problèmes longs, les fameux Je résous. J’ai un peu peur de la marche du secondaire cependant. Nous l’attaquerons en janvier prochain. Il prend de la place, ce Yann. Il est exubérant, difficile à garder dans un cadre de fonctionnement respectueux et assidu. Il vieillit et toujours le fossé entre son âge physique et ses capacités organisationnelles, mentales et affectives se creuse. Cependant de belles qualités se raffinent avec le temps, elles prendront, je le sais, le dessus lorsque la maturité s’installera. Il a un bon fond. À force de travailler les fondations, il pourra bâtir de façon solide au-dessus.

Lucie-Maud me donne le tournis 🙂 4e SECONDAIRE l’an prochain!!! Ouf comment faire face à nos enfants qui vieillissent? Cela nous met le nez dans notre propre vieillissement, non?  En tout cas, cela a un point positif, elle est de plus en plus capable de contrôler ses pulsions moins drôles d’ado frustrée. Le dialogue devient plus intéressant et surtout possible. Elle a développé de belles avenues cette année: son art graphique et le théâtre sont devenus des objectifs plus sérieux. Elle veut réaliser des choses. Elle économise pour un voyage, elle désire apprendre à se détacher de moi (ce qui est formidable et bien triste à la fois) Malgré le stress intense relié aux changements de la vie, elle continue d’avancer et de demander à avancer encore plus. Il demeure des difficultés importantes, entre autres en lecture et compréhension de lecture et donc en maths en compréhension aussi, mais avec du travail et de l’étude, elle y arrive, la plupart du temps au-dessus de 80%. Elle s’est trouvé des trucs d’étude, comme des feuilles-résumés, sans intervention de ma part. Vraiment il est beau de voir nos enfants devenir des êtres que nous avons modelés grossièrement de nos valeurs maladroites de parents exigents et en même temps se peaufiner avec leurs propres détails, leur propre vision de la vie. La voir vieillir est un baume sur l’abandon par les deux aînés, sortis de notre vie définitivement et prématurément. Elle est grande et belle, elle embrasse la vie comme seule une artiste sait le faire, avec fragilité et créativité, folie et passion.

Nous clouons les derniers clous de cette année scolaire, nous partons fêter le début de l’été avec un premier voyage en avion pour les enfants et le mari (gracieusement offert). La vie ne sera plus jamais la même. Plus jamais de bébé ne courra dans mes jambes pendant l’école maison. Nous avons définitivement entamé le dernier droit de cette année, le dernier droit de la fin du secondaire de ma grande et le dernier droit de notre vie de parents de jeunes enfants.

Je suis la plus chanceuse des mamans 😉

(mais ce soir le coeur est un petit peu gros de constater cette conclusion.

Et qu’ont fait les petites en anglais?

Elles ont aussi fabriqué des maquettes comme les moyens, mais des maquettes qui racontent une histoire.

Elles avaient chacune un petit livre de cinq fables à partir d’animaux à se faire lire par maman. Lili a choisi Forest fables et Lausanne a choisi Out and about the pond.  Ensuite elles devaient choisir une des cinq histoires et en faire la maquette pour pouvoir mimer l’histoire au fur et à mesure que maman racontait.

Ce fut vraiment tout mignon et encore une fois j’étais bien fière de leur réussite.

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Maquette de Lili

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Maquette de Lausanne

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Livre de Lili

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Mise en scène de l’histoire

Skyscraper on a maquette of Mattland

Pendant que les plus vieux travaillaient leurs codes secrets (voir billet précédent), les moyens ont étudié les gratte-ciel à travers la revue Appleseeds (septembre 2014 – distribuée par Cricket Media) entièrement consacrée à ce thème et ont exploité l’album jeunesse Mattland de Hazel Hutchins. Mathis a apprécié ce thème tout à fait dans ses cordes.

page couverture appleseeds

Mattland raconte l »histoire d’un jeune garçon qui en a assez de déménager. Et cette nouvelle place est la pire de toutes: terrain vague, plein de boue et de déchets. Jusqu’à ce qu’il se mette à se fabriquer un monde à même le sol et les déchets. Et qu’une petite fille vienne l’aider à construire son monde. L’album est tout en subtilité et les dessins sont très intéressants. Tout de suite en  le lisant, de nombreuses pistes d’exploitation me sont venues.

Des feuilles de grammaire ont été données, ils avaient le tapuscrit du texte entre les mains pour faire les exercices:

– Repérer et souligner les verbes dans les phrases, en donner l’infinitif et coller la bonne image d’action.

– Différencier les Indefinite article, Definite article, Personnal pronoun, Possessive adjective et Demonstrative adjective. Les utiliser en contexte.

– Différencier les adjectives des adverbs, tirés du texte, utiliser le texte au besoin pour voir les mots en contexte.

– Repérer les verbes écrits à l’infinitif lorsqu’ils sont conjugués et que leur forme change.

– Vocabulaire: Associer les expressions utilisées pour désigner les lieux dans le texte avec une description du lieu en question.

– Petits mots fréquents à connaître par coeur à associer avec leur traduction.

De plus je leur ai donné une grille de mots croisés du vocabulaire du texte.

Leur projet était de construire une maquette d’un monde inventé par eux. Ils devaient y mettre au moins un skyscraper puisque c’était le 2e sujet exploité et devaient donner des noms imaginaires pour les lieux de leur maquette comme dans l’histoire de Mattland.  Ils devaient par la suite présenter leur maquette lors de notre dernière rencontre et nous donner les noms choisis. Projet fort apprécié et encore plus fortement réussi. Les maquettes étaient différentes et très créatives. J’ai adoré leurs présentations.

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Maquette de Frédérique

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Maquette de Mathis-Alexis

Table des matières appleseeds

Sur le thème des gratte-ciel, ils ont eu à lire le premier texte de la revue qui portait sur les métiers impliqués dans la construction de ces bâtiments, Scraping the skyIls ont eu à associer une liste de tâches à l’un des trois métiers cités.  Puis avec le deuxième texte, From bottom up, qui expliquait comme sont bâtis les gratte-ciel, ils ont eu à se rappeler les cinq forces qui agissent sur les bâtiments et à construire un gratte-ciel une partie de la structure à la fois et mettre les tâches en ordre selon le texte.

Le troisième texte travaillé portait sur des erreurs faites dans la construction de certains gratte-ciel, Oops learning from mistakes. J’ai imprimé les pages de l’article avec les solutions effacées et je leur ai demandé de trouver des solutions aux problèmes évoqués. Ensuite ils ont eu à associer les véritables solutions aux bons problèmes.

Avec le texte One thing led to another, on apprend l’histoire des gratte-ciel à partir de l’histoire des matériaux qui les composent. Mathis a fait une ligne du temps et y a placé les éléments de l’article en ordre. Enfin ils ont fait le mots croisés du vocabulaire à la fin de la revue.

Ensemble c’est l’exploitation des textes qui a été faite. Les cours de groupe sont terminés, mais je vais donner à Mathis d’autres textes à travailler.

Comme activité amusante pour aller avec ce thème des gratte-ciel, nous avons joué tous ensemble à Make ‘n’Break Extreme. C’est un jeu où il faut faire le plus de constructions demandées par les cartes avec les blocs fournis dans un temps donné. Nous avons eu bien du plaisir. Nous avions déjà la version originale de Make n’Break et elle était appréciée, cette nouvelle version extrême fut un achat judicieux.

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Jeu de société Make n’Break

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Yann à l’oeuvre

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Lucie-Maud sous la supervision de Mathis