Eh oui, vendredi midi, une autre année scolaire sera derrière nous. Déjà.
Petit Elliot aura développé un peu d’autonomie, disons de quelques minutes à la fois. Il est toujours très demandant, boit encore un bon six fois par jour, dont une à la fin de la nuit, mange avec appétit que seulement un repas sur 6 et jamais le déjeûner (le lait de maman est tellement mieux…). Il aura commencé à parler (mais son élocution n’est pas très claire, cela me chicotte encore), à courir, à empiler des cubes, à comprendre un tas de choses utiles, à compter jusqu’à deux. Il aura trouvé son premier idole (son grand frère), compris que les gens partent et reviennent, découvert la peur et lu des centaines de livres avec attention. Jouer dehors et nourrir les animaux avec papa sont ses plus grands plaisirs.
Lili aussi aura fait du chemin cette année. Malgré une fin d’année libre à courir les champs et grimper aux arbres, refusant tout apprentissage formel, elle aura acquis largement les objectifs que j’avais fixés en début d’année: apprendre à lire de façon fluide et par plaisir et continuer de faire des bonds de géant en maths. Elle aura même été bien au-delà de tout ça: apprenant l’heure, les saisons et les mois d’un claquement de doigts, faisant sa première présentation orale seule devant un groupe d’école maison, utilisant l’anglais spontanément et souvent dans sa conversation avec moi (et moi en retour), posant des millions de questions sur une multitude de sujets, juste pour savoir… Elle est curieuse et éveillée, ce qui la rend parfois tourbillon et « désobéissante ». Tellement moi!
Mathis a eu une année un peu mouvementée. Nous avons joué pendant 6 mois avec des médicaments et des doses pour trouver ce qui l’aiderait le mieux autant dans sa concentration, que dans le contrôle de ses crises, que dans la maîtrise de ses tics verbaux. Le Concerta avait fait son temps, il n’avait plus vraiment d’effet. Là je crois que nous avons trouvé un bon équilibre. Il est apaisé et fonctionne bien mieux. Nous avons mis en place d’autres outils dans la dernière année et demie, car il est évident que les médicaments ne font pas des miracles et qu’il faut l’entourer et le soutenir pour avancer dans la bonne direction. Mais je suis très contente de voir qu’il participe activement à la mise en place de ces outils et au dosage de ses nouveaux médicaments. Tout cela est très postitif. Il prend tellement de maturité. Il a porté ses coquilles anti-bruit quotidiennement, même parfois pour lire tranquille dans le salon. Je crois que cela l’aide beaucoup, étant limite TSA, à entrer dans sa bulle et se ressourcer. Je l’ai installé sur un petit bureau seul face à la fenêtre dont une bonne partie est bloquée par l’écran d’ordinateur. Sa concentration s’est beaucoup améliorée. Il a appris à utiliser l’ordinateur de façon fréquente (surtout Word et Power Point). Il apprend vite et est débrouillard.
Yann a trouvé la marche pour le secondaire difficile, mais il s’en est sorti de façon assez intéressante. Je suis aussi exigente envers lui qu’envers les autres tout en gardant en tête ses difficultés majeures d’apprentissage. Il doit vraiment travailler fort, ce qu’il ne fait pas toujours. Mais je peux affirmer tout de même qu’il a atteint un niveau satisfaisant (entre 70 et 80%) en science et en géographie deux de ses trois matières de première secondaire. En français, la 3e matière, c’est moins évident. Ses textes sont toujours aussi incohérents, sa qualité de langue vraiment basse, et sa capacité de révision carrément nulle. Mais je ne crois pas que le garder en première secondaire changera quelque chose. Nous n’avons pas complètement fini la matière de l’année. Pour septembre j’hésite entre aller en 2e secondaire ou finir avant ses cahiers de 1re secondaire et passer en 2e en cours d’année. En maths de 6e année, il progresse bien. Si on met à part la géométrie, pour laquelle il n’y arrive pas, je trouve qu’il se débrouille vraiment bien. La mesure du temps et de l’espace ainsi que l’intégration de ce que représente une quantité ne sont pas aquises. Mais le seront-elles un jour? Ce sont des difficultés inhérentes à sa dyspraxie. Comme il est malgré tout un grand lecteur, il réussit où Mathis a le plus de difficulté: la lecture des problèmes longs, les fameux Je résous. J’ai un peu peur de la marche du secondaire cependant. Nous l’attaquerons en janvier prochain. Il prend de la place, ce Yann. Il est exubérant, difficile à garder dans un cadre de fonctionnement respectueux et assidu. Il vieillit et toujours le fossé entre son âge physique et ses capacités organisationnelles, mentales et affectives se creuse. Cependant de belles qualités se raffinent avec le temps, elles prendront, je le sais, le dessus lorsque la maturité s’installera. Il a un bon fond. À force de travailler les fondations, il pourra bâtir de façon solide au-dessus.
Lucie-Maud me donne le tournis 🙂 4e SECONDAIRE l’an prochain!!! Ouf comment faire face à nos enfants qui vieillissent? Cela nous met le nez dans notre propre vieillissement, non? En tout cas, cela a un point positif, elle est de plus en plus capable de contrôler ses pulsions moins drôles d’ado frustrée. Le dialogue devient plus intéressant et surtout possible. Elle a développé de belles avenues cette année: son art graphique et le théâtre sont devenus des objectifs plus sérieux. Elle veut réaliser des choses. Elle économise pour un voyage, elle désire apprendre à se détacher de moi (ce qui est formidable et bien triste à la fois) Malgré le stress intense relié aux changements de la vie, elle continue d’avancer et de demander à avancer encore plus. Il demeure des difficultés importantes, entre autres en lecture et compréhension de lecture et donc en maths en compréhension aussi, mais avec du travail et de l’étude, elle y arrive, la plupart du temps au-dessus de 80%. Elle s’est trouvé des trucs d’étude, comme des feuilles-résumés, sans intervention de ma part. Vraiment il est beau de voir nos enfants devenir des êtres que nous avons modelés grossièrement de nos valeurs maladroites de parents exigents et en même temps se peaufiner avec leurs propres détails, leur propre vision de la vie. La voir vieillir est un baume sur l’abandon par les deux aînés, sortis de notre vie définitivement et prématurément. Elle est grande et belle, elle embrasse la vie comme seule une artiste sait le faire, avec fragilité et créativité, folie et passion.
Nous clouons les derniers clous de cette année scolaire, nous partons fêter le début de l’été avec un premier voyage en avion pour les enfants et le mari (gracieusement offert). La vie ne sera plus jamais la même. Plus jamais de bébé ne courra dans mes jambes pendant l’école maison. Nous avons définitivement entamé le dernier droit de cette année, le dernier droit de la fin du secondaire de ma grande et le dernier droit de notre vie de parents de jeunes enfants.
Je suis la plus chanceuse des mamans 😉
(mais ce soir le coeur est un petit peu gros de constater cette conclusion.