Laisser partir un peu de moi

Elliot est rendu à 17 mois. Je réussis maintenant à faire bien plus que l’an passé à pareille date. Mais normalement, je commencerais à penser au prochain ti-pou. Je sais que je suis rendue trop vieille, et j’imagine que c’est une chance, la vie m’oblige à vivre autre chose. Mais cela reste un deuil difficile pour moi, un peu douloureux.

Les choses de bébé sortent de la maison. À la poubelle le siège d’auto coquille expiré en décembre 2014! À la vente en ligne, la soucoupe, le mobile et autres objets vendables. Aux boîtes à donner autour de moi, les vêtements de bébé trop petits. Et au fond d’un verre d’eau, mon moral de future maman déchue 😉

Elliot marche, jase, fait le pitre, mange à la table avec sa fourchette. Il se promène beaucoup, nous fait rire avec ses faces, imite le bruit de tous les animaux. Il demande à boire encore très souvent, cherche les bras régulièrement, s’exprime avec vigueur lorsque mécontent. Il est un petit entre deux âges, entre le bébé qu’il était et le bambin qu’il sera.

L’observer est un réel plaisir. Je perds ainsi beaucoup de temps dans une journée. Je me dirige vers une tâche, puis je fige, je contemple, j’admire.

Lili l’amène écouter ses émissions, Mathis lui fait des peurs de monstre et court le chatouiller, Yann joue au hockey avec lui dans le vestiaire, Lucie s’en occupe comme une deuxième maman, papa l’emmène quotidiennement nourrir les animaux dehors. Il est choyé, il est heureux. Voilà bien l’important.

Chaque pas qu’il fait dans la vie éloigne le bébé de moi. Une petite douleur de nostalgie qui s’estompera. Je respire mieux déjà, j’arrive à faire des choses. Pas encore des choses pour moi réellement, mais des choses. Je commence même à envisager l’avenir, à voir des projets se dessiner.

Mais le coeur qui se resserre à la vue d’un bébé, je ne sais si ça passera…

Mes enfants sont beaux, ils sont grands, ils sont forts…mais ils ne sont plus des bébés qui ont un besoin insatiable de moi. Je vais m’en remettre, vous croyez ? 😉

 

La planification: bête noire ou alliée incontestable?

Chez nous, la planification est une alliée incontestable. De plus j’adore planifier. J’aime préparer les leçons à venir et penser au plaisir qu’auront mes enfants à lire tel texte, à voir telle nouvelle notion… Bon il est vrai qu’ils n’auront pas du plaisir avec toutes les notions, et que certaines planifications sont plus monotones et linéaires que d’autres.

La planification annuelle est la plus plaisante. Elle me fait découvrir de nouvelles ressources, et j’essaie de les voir à travers les yeux de mes enfants. Elle comprend le choix des volumes en fonction des matières, le dessin de la ligne directrice de mon année scolaire. Elle comprend aussi le découpage général de l’année, les thèmes abordés, les temps de pause (congés des fêtes, d’été, fériés…), les activités régulières avec d’autres familles.

Généralement quand janvier quitte ma maison, mon cerveau commence à fourmiller d’idées et mes recherches commencent pour le matériel qui sera nécessaire à la prochaine année scolaire. À la fin avril, mes choix sont habituellement arrêtés pour pratiquement toutes les matières et tous mes niveaux. Je prends donc environ trois mois pour sillonner les sites des maisons d’édition, questionner mes collègues parents-éducateurs, feuilleter les ouvrages disponibles et réfléchir aux objectifs à atteindre. Ensuite arrive le chèque de retour d’impôt, et je passe en mode achat des ressources nécessaires. Je fais ma commande à ma librairie, je prévois les achats à faire au symposium, je vais à la vente de livres des bibliothèques de Montréal, je passe emprunter les guides du maître disponibles à la didacthèque de l’université.

Lorsque je commence à recevoir mes nouveaux programmes, il est très difficile de ne pas les utiliser tout de suite. Les cahiers de l’année en cours sont presque terminés, parfois on est même tannés de les voir et pressés d’en finir. J’aurais le goût de commencer l’année suivante sur le champ, mais je ne crois pas que mes enfants apprécieraient 😉

Lorsque je m’assois pour commencer le découpage de l’année, le vrai travail de moine commence. Je prends un calendrier et je dois établir la date de début des cours, celle de la fin de l’année, et aussi prévoir tous les congés que nous aurons. Je compte le nombre de semaines, j’essaie d’avoir un total de 40 semaines d’école.

Ensuite je prends les programmes qui sont en format cahiers d’apprentissage. Ceux-là sont les plus faciles à planifier. Je prends le contenu du cahier et je le divise en 40 semaines. En fait, je le divise enun peu moins de semaines que cela, car je prévois des périodes de révision, de correction et d’évaluation. Mais en gros , c’est aussi simple que ça. Comme je connais maintenant bien le tableau (du régime pédagogique) qui indique combien d’heures de chaque matière un jeune à l’école devrait faire, cela m’aide à calculer le ratio science/histoire/maths/français/etc. Donc si en histoire en secondaire 3 ma fille a deux périodes d’une heure par semaine, alors je prendrai la matière d’une semaine et je la scinderai en 2 périodes. Je mets ça sous forme de tableau généralement. Il est rare cependant que je n’ajoute rien au contenu vu dans le cahier. Comme par exemple en univers social où, bien que nous ayons un cahier de base, je glisse un projet par-ci par-là pour agrémenter la matière.

Voici un exemple pour l’histoire de ma fille en secondaire 3 cette année avec le cahier d’apprentissage Le Québec en 2 temps de ERPI.

Le Québec en deux temps 3e

Lorsqu’un programme choisi est avec un manuel et un cahier d’activités, la planification est unpeu plus longue. Par exemple, en français pour ma fille de secondaire 3, nous avons utilisé Épisodes de Grand Duc (et c’était pareil en 1re et 2e secondaire avec Laissez-Passer) Premièrement ma fille feuillète le programme pour choisir les thèmes qu’elle voudra travailler. À la maison, et c’est comme ça à l’école, je ne fais pas tous les thèmes, ce serait trop long. Sur 8 chapitres cette année elle en fera 5 ou 6. Je m’assure que la grammaire des chapitres que nous ne ferons pas soit vue cependant. Pour cela j’ajoute entre autres un cahier de grammaire au programme complet. Suite au choix de ma fille pour les thèmes à voir, je peux commencer la planification détaillée des chapitres. J’utilise souvent les manuels de l’enseignant qui proposent des lectures supplémentaires et des pistes de projets. Je prévois ces lectures supplémentaires et ces projets à même ma planification.

Comme je suis une maniaque du matériel pédagogique, il m’arrive régulièrement de prendre plusieurs cahiers pour bâtir un programme à la mesure de mon enfant. Voilà la planification qui s’allonge encore. Je dois alors décortiquer les tables des matières des différents cahiers et guides pour faire correspondre la matière au cours des semaines. J’utilise ce genre de planification pour les mathématiques de mes garçons et, cette année, le français de mon grand de 1re secondaire. Je glisse aussi dans cette dernière, les lectures et exercices supplémentaires.

Voici un exemple pour les mathématiques de mon garçon en 6e année avec le programme principal Décimale 6 de ERPI. Comme il est fort en maths, il fait aussi L’Agent Math 006 et Résolumath 6.  Si le temps manque et qu’un retard se dessine, je coupe dans L’Agent Math 006  qui n’est que de la drill de plus.

Planification et concordance Décimale 6e

Enfin le dernier type de planification de matière que je fais est celui pour des programmes entièrement montés par moi. En français pour ma fille de première année, j’ai bâti quelque chose à partir de la littérature jeunesse. Nous l’explorons assez librement, donc je planifie chaque semaine mais en suivant une ligne directrice établie l’été dernier. Je glisse un cahier de base pour m’assurer de couvrir tout le programme et je fouille le net à la recherche d’exploitations littéraires. J’utilise aussi ce type de planification en anglais et en club nature. Je fonctionne par thèmes, dans ces matières de groupe, je me donne donc une ligne directrice qui inclut les thèmes que nous verrons, puis je les développe en détails, voyant ainsi combien de rencontres nous ferons sur chaque sujet. Vous comprendrez que cette planification à partir de thèmes est celle qui demande le plus de temps et d’investissement d’énergie. Il y a des périodes réservées qu’au défrichage des sujets et à la collecte des données, des périodes de montage d’activités, des périodes de préparation du matériel et du déroulement de la leçon et, entre tout ça, il y a du temps qui coule car ma créativité doit mijoter pendant un certain temps pour laisser les idées émerger. Des heures et des heures de planification étalées sur des semaines et des semaines de temps. Mais c’est ma planification préférée 😉 et si j’en avais le temps, ce serait celle que je ferais pour toutes les matières.

Pendant l’année scolaire, chaque semaine je prends ma planification annuelle et j’écris à l’agenda des enfants ce qu’ils auront à faire pendant la semaine. L’agenda est un outil que ma fille a commencé à utiliser en première secondaire, mais que j’ai déjà étendu à mes fils, dont celui qui fait de la 5e-6e. Ils sont ainsi autonomes pour se mettre à l’ouvrage le matin ou au retour d’une pause. Ils n’ont pas besoin de m’attendre pour que je leur dise quoi faire. Ils peuvent aussi prévoir plus facilement leur étude. Ça c’est un objectif cette année, et ce n’est pas encore acquis. Mais nous y travaillons fort. Je ne fais pas l’agenda pour un long laps de temps, car si l’enfant bute sur une notion et doit reprendre sur plusieurs cours, je ne veux pas premièrement qu’il sente tout le retard qu’il prend en butant ainsi et deuxièment devoir tout effacer pour reprendre le rythme où on est rendu. Mais ce qui est à l’horaire de la semaine (sauf les gros butages sur une notion) doit être terminé à la fin de la semaine. Et il y a ainsi parfois des devoirs pour réussir à tout finir, et ce pendant le weekend (mon fils du primaire n’a presque jamais de devoir le weekend, sauf peut-être un petit bout de projet quelquefois, mais au secondaire c’est pas mal tous les weekends). Pour ma part, il y a donc chaque semaine quelques heures de plus nécessaires pour remplir les agendas de la semaine.

 

Depuis 13 ans que nous vivons cette formidable aventure, notre horaire et ma planification ont bien changé. Le portrait de la maisonnée a évolué, et la succession des matières a suivi. Il y a plusieurs années, surtout au début, lorsque les enfants étaient plus jeunes et que les matières s’y prêtaient mieux, nous avons fait l’école toute l’année, été compris, en allégeant énormément la charge de travail d’une semaine. Mais avec le secondaire, l’assiduité demandée est beaucoup plus importante, et l’été est devenu un château fort bien gardé.

Est-ce qu’une planification aussi détaillée est nécessaire? Pour moi oui! Pour ma santé mentale, je dois être organisée. Lorsqu’il y a plusieurs enfants, plusieurs niveaux scolaires dont le secondaire et un bébé qui se faufile à travers tout ça, il faut pouvoir garder la tête hors de l’eau. S’appuyer sur un canevas permet de savoir un peu d’où l’on vient et où l’on s’en va. Si cependant votre planification vous rend stressée parce que vous avez toujours du retard sur celle-ci, il faut savoir s’arrêter et repenser les choses. Avoir toujours le sentiment d’être en retard nuit à l’apprentissage. Je revois encore et souvent les détails des planifications. Et cela est mon quotidien depuis 13 ans. Il faut se laisser le temps, apprivoiser l’organisation que cela demande et surtout pouvoir se remettre en question. Car à quoi bon faire l’école maison si le plaisir et la spontanéité ne sont jamais de la partie?

 

 

If you give a dog a Tim Horton donut

Dans le cahier Juggling with words secondary 1, le cahier que j’utilise avec mon groupe de plus vieux en anglais, il y avait un texte The Autograph qui parlait du joueur de hockey Tim Horton, fondateur des restaurants du même nom. J’en ai profité pour utiliser le thème des beignes avec les moyens et les plus jeunes.

En famille, les enfants travaillent la matière: grammaire, lecture, vocabulaire, etc. Ensuite on se rencontre en groupe pour faire des activités plus ludiques.

Dans le cahier des plus vieux, toute la matière y est. Grammaire, compréhension de texte, vocabulaire, lecture et écriture. J’aime beaucoup sa façon de travailler les textes. Ma seule déception: il est disponible seulement pour la première secondaire anglais enrichi.

Les moyens devaient inventer une nouvelle sorte de beigne, la décrire (travail sur les adjectifs) et l’illustrer. Ils devaient aussi répondre à un questionnaire de lecture qui accompagnait un texte paru dans la revue Details de Postes Canada sur 6 joueurs des 6 équipes fondatrices de la Ligue Nationale de Hockey, dont Tim Horton (version anglaise). Enfin ils devaient souligner tous les verbes conjugués ou non du tapuscrit de l’album jeunesse If you give a dog a donut (cliquez sur Meet Dog) et les placer dans un tableau afin de les conjuguer à différents temps.

Les petites ont pu s’amuser avec le personnage du chien de l’histoire If you give a dog a donut. Dot-to-dot, mystery word grid, vocabulary words,… 

Lors de notre renconte de groupe, voici les activités que nous avons faites ensemble:

Lecture de l’album If you give a dog a donut. Les moyens ont voulu assister à la lecture du livre prévue pour les petites. Ils n’avaient eu que le tapuscrit entre les mains. C’était mignon.

– Pendant ce temps, les plus vieux essayaient un sudoku de beignes (sur le site deTim Horton mais moi je l’ai imprimé pour qu’ils en aient chacun un)

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Mise en ordre des étapes de l’histoire avec un document imagé, pour les petites.

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– Dans ce document gratuit en lien avec l’album, les moyens ont placé les causes et conséquences associées (p.4), ils ont identifié les parties de l’histoire : setting, characters,… (p.8) et ils ont travaillé les compound words (p.9)

– Présentations des productions écrites des plus vieux  sur l’écriture d’un bout de dialogue et celles des moyens sur leur beigne inventé

Fabrication d’un cerf-volant en papier bouchonné en lien avec l’album jeunesse (p.19 du document, dans lequel il y a aussi des flashcards des mots de vocabulaire de l’histoire)

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– Jeu de mémoire (beigne avec compound word – tasse à café avec image) pour les moyens et plus vieux.

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– Fabrication de beignes glacés maison.

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Enfin le soir, avant de se coucher, j’ai offert à Lili une enveloppe de Donut seeds (des graines de beignes). Nous avons mis le sucre et les bonbons nécessaires à leur culture et, le lendemain matin, des beignes avaient «poussé». Les yeux de ma fille…indescriptible! Elle a embarqué dans le jeu le soir, car elle adore toutes ces mises en scène, elle a beaucoup d’imagination. Mais lorsque le lendemain, les beignes étiaent vraiment là, elle était folle de joie et sans mot.

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