Français 6e ou 1re secondaire

Nous avons travaillé fort. Je dis nous car je crois bien avoir ramé aussi fort que lui. Mais ça a valu la peine, il me semble vraiment avoir progressé.  Yann est dyspraxique et bien qu’en vieillissant l’écart se creuse entre ses capacités académiques et celles des autres de son âge, ce dernier semestre, il y a eu des pas et même peut-être des bonds en avant.

Voici les points qui ont permis cette réussite:

– Il a fait beaucoup de grammaire, beaucoup. Je voulais ancrer les notions de classes de mots, d’accords, de conjugaison, de construction de phrases. Et pour un dyspraxique, l’automatisation ne s’acquiert pas facilement. Il faut répéter beaucoup plus qu’à un enfant normal. Alors j’ai répété, parfois en reprenant les règles de première base, les règles apprises au premier cycle. Parfois oui j’étais découragée: recommencer au début plusieurs fois de suite,c’est décourageant. Mais petit à petit, j’ai vu que lorsque je réexpliquais, de petites lumières de mémoire s’allumaient: il se rappelait avoir vu la matière. Puis petit à petit, lorsque je réexpliquais, il était capable de réactiver les connaissances. Je ne suis pas sûre que vous pouvez imaginer l’exploit que cette réactivation porte en elle. C’est à sabrer le champagne!

– Il n’a pas vraiment écrit de textes. De petites situations d’écriture très courtes lors du projets des Olympiques, mais sinon rien. Comment lui demander de faire du sens en écriture si la construction de phrases n’est pas acquise? Donc pas de perte de temps sur l’écriture de phrases qui n’ont aucun sens… pour l’instant.

– Il a travaillé les stratégies de lecture. Il est bon en compréhension de textes, alors ce n’était pas la pratique à faire. Il devait plutôt apprendre les stratégies qui construisent le texte: les mots de relation, le plan, les référents, les inférences… Tout ce qui permet de construire brique par brique un texte qui se tient, dont les idées sont en ordre et la syntaxe compréhensible. Cette partie-là ne fut pas trop difficile à travailler, il adore lire et a assez de logique pour bien trouver les réponses.

– J’ai imposé une méthode de travail qu’il n’a pas aimée, car extrêmement contraignante, mais qui lui a permis d’avancer sans reculer. Lorsqu’il travaillait dans son cahier de grammaire, il devait lire l’encadré théorique et venir m’expliquer la matière à travailler dans ses propres mots. Puis il lisait la consigne et devait me dire dans ses mots ce qu’il devait accomplir. Enfin il pouvait se mettre à la tâche. En le suivant pas à pas comme ça, je l’obligeais à bien comprendre la consigne et ainsi l’appliquer adéquatement. Avant il faisait le plus de pages possibles le plus vite possible (les enfants dyspraxiques sont de grands bâcleurs) car Yann n’accepte pas d’être en trouble d’apprentissage. Lorsque je corrigeais, 80% de la matière était erronée. Et comme mes enfants doivent corriger leurs erreurs car je crois que c’est ainsi que l’on apprend le plus, il passait énormément de temps à reprendre ses exercices et même souvent les reprendre 3 ou 4 fois avant de réussir (malgré mes explications de plus en plus développées à chaque reprise) Lorsque j’ai enfin pu lui montrer clairement la différence de réussite entre avant et la nouvelle méthode de travail imposée, il ne pouvait qu’abdiquer qu’effectivement, c’était très efficace et positif. Ensuite cette méthode est entrée confortablement dans note routine et, à part certains matins de pré-adolescence, Yann réussit vraiment mieux ses exercices de grammaire.

Malgré tous ces efforts, je ne suis pas encore certaine qu’il puisse aller en 1re secondaire en septembre en français. Je ne sais pas s’il est assez solide pour affronter les nouvelles notions et l’approfondissement des anciennes. La marche entre le primaire et le secondaire est présente dans toutes les matières, et le français n’y échappe pas. J’hésite entre continuer le travail acharné de 6e jusqu’en décembre et commencer la matière de 1re secondaire en janvier ou le passer tout de suite en 1re secondaire, quitte à le faire travailler plus longtemps son année s’il présente des difficultés.

Présentement, il fait un test diagnostique qui vérifie si la grammaire du primaire est acquise et à quel degré. Ce test est assez long, une 20taine de pages et couvre toutes les sphères de la grammaire du primaire.  Je l’ai pris dans les fiches reproductibles du cahier de grammaire de 1re secondaire L’Express grammatical des éditions ERPI. Il devrait être terminé demain. Après correction, je pourrai observer où sont ses erreurs, combien il y en a et ainsi prendre une meilleure décision. Sincèrement j’espère qu’il passera au secondaire. Je crois que ce petit boost lui fera du bien sur l’estime, lorsque l’on travaille fort on récolte du succès. Mais j’ai assez confiance que ce se fera.

Une fois ma décision prise, je viendrai vous parler de son programme pour septembre. J’ai trouvé plusieurs outils avec lesquels j’ai bien hâte de travailler, s’il passe au secondaire. Des nouveaux outils, assez fraîchement imprimés pour la plupart et variés. Des outils bien loin du programme Laissez-Passer que Lucie-Maud a utilisé et que nous avons aimé, mais qui compliquerait trop la vie de Yann. Un manuel avec des questions à répondre dans un cahier Canada (ou sur des feuilles mobiles), et ainsi beaucoup de réécriture. Des projets d’écriture longs et importants. Trop pour lui. Je dois bien feuilleter les différents cahiers trouvés et savoir comment les marier efficacement et les exploiter pleinement. À plus donc!