Yann-Salomon m’a fait enrager ce week-end, en même temps qu’il m’a remplie de fierté, d’une grande fierté. Il avait son concert de piano. Depuis le mois de janvier, les pratiques sont pénibles. Je dois le forcer à s’asseoir, et souvent il tronque son 25 minutes pour aller jouer. Les deux dernières semaines, la situation a empiré. On aurait dit que ses doigts ne suivaient plus la musique. Il s’embourbait dans ses chansons et hésitait beaucoup dans ses interprétations. J’ai su dimanche pourquoi.
Mon fils est un «performer». Il a besoin d’un public pour s’exécuter. Alors il devient vivant et … excellent! La dame de la maison de la musique de Sorel a fait un petit discours à la fin du concert. Elle a dit que Oliver Jones était venu quelques semaines auparavant (voir l’article 27 avril 2012) et que Yann avait senti la présence d’Oliver Jones sur le piano et qu’il a ensuite démontré qu’il était le futur Oliver Jones! Bon j’admet que la couleur de peau de Yann doit faire un peu de discrimination positive, ça et le fait qu’il est le seul qui joue du jazz plutôt que du classique. Mais cet hommage était tellement émouvant pour moi, sa mère. Prononcé devant une salle pleine!
Le seul bémol à ce talent est qu’il ne joue que par mémoire. Je veux qu’il fasse du piano pour améliorer sa situation par rapport à la dyspraxie. Je veux qu’il travaille à lire les notes, à coordonner son oeil et ses mains et à différencier son épaule-coude-poignet. Mais il ne le fait pas. Il apprend la mélodie par coeur et ne joue que par oreille. Son professeur est tellement gentille et veut qu’il joue pour son plaisir. Disons que nos objectifs divergent un peu. Je voudrais qu’elle le fasse travailler autre chose que seule la pratique de pièces: lecture à vue, solfège, gammes, arpèges… Oui je veux qu’il ait du plaisir, mais qu’il fasse son ergothérapie en même temps et que ses capacités limitées par la dyspraxie s’améliorent. Nous avons arrêté les séances d’ergothérapie, parce que cela demandait du temps et des sous (l’assurance collective ne couvrant pas ces services). Je n’aurais pas dû, mais les difficultés familiales que nous vivions à ce moment-là avec les deux aînés nous y ont forcés. Ensuite j’ai souhaité que le piano fasse office d’ergothérapie tout en étant plus plaisant. Il faudra que je réévalue tout ça. À presque 12 ans, l’ergothérapie aidera-t-elle encore de façon significative? Devrais-je le laisser continuer à jouer pour le plaisir et laisser tomber l’amélioration de sa dyspraxie? On veut toujours le mieux pour nos enfants, mais parfois c’est si difficile de décider ce qui est vraiment le mieux. La balance est multi-usages et les possibilités d’aller de l’avant sont variées selon les décisions.
En septembre, ça sera probablement le piano encore, car bien que j’aie à le pousser constamment, j’adore lorsqu’il pratique. J’adore avoir cette période quotidienne de musique dans la maison. Faudra-t-il retourner à un professeur plus pointilleux sur la technique? Yann et moi adorons son professeur (moins l’horaire qui coupe mes journées d’école en deux, mais ça ça s’arrange…), elle a un amour de la musique et son enthousiasme est contagieux. Elle joue encore du piano et est un beau modèle de passion. Qu’est-ce qui sera la meilleure décision pour le développement futur de mon garçon?
Bon en attendant l’illumination … 😉 Je tente de mettre sur Facebook la dernière pièce qu’il a interprétée au concert. Si je réussis, vous remarquerez qu’il ne met même pas de partition sur le piano, mais qu’il met beaucoup de vitalité sur les notes. https://www.facebook.com/photo.php?v=478629448880631&set=vb.100002007397081&type=2&theater