Mercredi c’était le dernier rendez-vous de Jackson avec sa psychologue avant que les deux psychologues n’écrivent leur rapport et ne nous rencontrent pour en discuter. Elle m’a parlé quinze minutes pour un sommaire, mais les conclusions ne sont pas toutes tirées. Ce n’est pas rose. Nous l’avions déjà remarqué. En plus, depuis qu’il va à ces rendez-vous, ça empire. Est-ce que ça brasse des émotions sans le savoir?
Jackson est très anxieux et insécure. Pour se sécuriser il s’accroche très fort à la routine au point d’en perdre tout jugement. Si la situation change et demande une adaptation il en sera incapable et fera comme d’habitude même si cela n’a pas de bon sens. Par exemple, Nathalie , la psychologue, lui présentait une image où il y avait conflit dans la cour d’école et demanda à Jackson de raconter l’histoire. Il dit: «Les enfants se chicanent et après la chicane ils prennent l’autobus, se rendent à la maison, soupent, lisent une histoire se brossent les dents, se couchent et dorment jusqu’au lendemain.» Aucune résolution du conflit, aucun indice sur la nature du conflit, le conflit est rayé pour que la routine revienne sécuriser la situation. Cette situation s’applique au quotidien chez-nous.
De plus il aurait semble-t-il des signes de dépression… Mais cela reste à être discuté. Quelques fois je me demande où j’ai failli… Nous l’avons accueilli il y a déjà quatre ans et demi. Je croyais qu’avec le temps… J’ai hâte d’avoir les détails, en même temps j’ai peur… Je m’attendais à trouver l’adolescence difficile lorsque je les ai accueillis, je ne croyais pas qu’ils pouvaient être si tourmentés si jeunes. Nous, en tant qu’adultes , avons assez de compréhension de la vie pour se faire une raison et vivre avec, même si quelquefois les émotions sont plus fortes. Mais eux ils sont tellement mêlés et innocents…J’ai de la misère à comprendre qu’une mère ne se prenne pas en main pour un enfant, j’ai de la misère à comprendre qu’une mère laisse partir son enfant sans rien dire… Comment est-ce que cet enfant-là, du haut de ses six ou sept ans , peut comprendre que sa mère l’a abandonné? Comment est-ce que je peux lui faire comprendre que je vaux bien cette mère-là moi, qu’il peut me faire confiance et m’aimer toute la vie? Et aussi que lui vaut bien mon enfant biologique en toutes circonstances! Ouf…
L’école, ça avance à pas de tortue. Si je suis le programme avec lui, ça va trop vite. Je trouve difficile qu’il prenne du retard, pour lui, pour son estime de lui-même. Sa soeur le suit d’un an, alors s’il retarde, elle le rattrapera. Cette situation me fait peur. Surtout que sa soeur est très compétitive et ne manquera pas une occasion de dire qu’elle est meilleure que lui. Nous avons passé un avant-midi sur un texte de quatre pages avec de grosses illustrations, un texte de son âge, dans Lexibul deuxième année. Il en a lu deux et demie. Il lit les mots très bien, il aurait pu lire le texte en 15 minutes. Mais il ne comprends pas ce qu’il lit. À la fin de la phrase il ne se rappelle plus ce qu’il a lu. Il doit recommencer plusieurs fois. Il n’est pas capable de trouver la signification d’un mot par le contexte ou les images. Il lit comme un automate. Il ne conçoit pas qu’un mot puisse avoir plusieurs significations selon le contexte, routine disions-nous!!! Il ne comprends pas le sens des phrases, l’idée principale d’un paragraphe (sans utiliser ces mots-là).
Peut-on ralentir et faire prendre du retard volontairement à notre enfant? C’est mieux que doubler à l’école régulière et revoir deux fois les mêmes notions, non? Qu’est-ce que vous feriez dans une telle situation?
Sur une note plus joyeuse, nous avons fait encore une course aux mots de vocabulaire dehors. Mais cette fois-ci nous avions à «dealer» avec une variable non négligeable: le chien qui partait à courir avec les mots à travers la cour!!! Nous avons bien ri. Aujourd’hui, elle a recommencé avec les morceaux de casse-tête. Elle est vraiment coquine et joueuse de tours cette petite chienne. AUjord’hui nous avons aussi bricolé de charmantes petites chauves-souris pour l’Halloween. Avant le bricolage nous avons regardé les deux numéros de la revue Vie Sauvage qui parlaient de la chauve-souris. Ma fille n’a pas aimé la présentation de la chauve-souris hématophage: le vampire! Mon fils, lui, voulait avoir tous les détails…Les chauves-souris sont très réussies, mais le travail de mon fils est une fois de plus très salaud. Il y a de la colle partout sur le bricolage. C’est triste car ça brise la beauté de l’oeuvre.
Bonne nuit!
L'école de rang de Katherine 